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parfaite, et demandait des volumes entiers pour l’expression des pensées les plus courtes. D’ailleurs combien d’objets ne pouvaient être représentés par le crayon ou le pinceau, tels que l’âme, les sentimens, les passions, la beauté, la vertu, les vices, les actions des hommes et des animaux, enfin tout ce qui est sans corps et sans forme ! Ce fut cette raison qui fit changer insensiblement l’ancienne manière d’écrire et composer des figures plus simples pour exprimer les choses qui ne tombent pas sous les sens.

Un fait très-remarquable, c’est que les caractères de la Cochinchine, du Tonkin et du Japon, sont les mêmes qu’à la Chine, et signifient les mêmes choses. Quoique les peuples de ces quatre régions aient, un langage si différent, qu’ils ne peuvent s’entendre dans le discours, ils s’entendent parfaitement par écrit, et leurs livres sont communs entre eux. Ainsi leurs caractères peuvent être comparés aux chiffres qui portent différens noms en divers pays, mais dont le sens est partout le même.

Avant le commencement de la monarchie, on se servait de petites cordes, avec des nœuds coulans, qui avaient chacun leur, signification, comme les quipos des Péruviens. Les Chinois en conservent la représentation sur deux tables qu’ils appellent Lo-tu et Lo-chu.

Le style des Chinois, dans leurs compositions, est concis, allégorique, et souvent