Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 9.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur pouvoir, comme dans toutes les grandes monarchies d’Orient. L’ambition, l’intérêt, l’avidité, la fausseté, la fraude et la corruption des mœurs régnaient ouvertement dans toutes ces petites cours. Cong-fou-tzée entreprit, par ses exhortations et ses exemples, d’y introduire les vertus opposées.

Son intégrité, l’étendue de ses lumières et l’éclat de son mérite l’ayant bientôt fait connaître, on lui offrit plusieurs emplois distingués dans la magistrature ; il les accepta, mais dans la seule vue de répandre sa doctrine et de réformer les mœurs. Lorsque le succès répondait mal à son attente, il abandonnait ses charges pour chercher des peuples plus dociles. Vers la cinquante-cinquième année de son âge, ayant été rappelé dans le royaume de Lou, sa patrie, pour y remplir les premiers postes, il y recueillit de si heureux fruits de ses soins, que, dans l’espace d’environ trois ans, le roi, les grands et le peuple changèrent entièrement de conduite. Une révolution si prompte alarma les princes voisins jusqu’à leur faire conclure que le roi de Lou deviendrait trop puissant avec les conseils d’un tel ministre. Le roi de Tsi prit une voie fort étrange pour arrêter les progrès de cette réformation ; sous le voile d’une ambassade, il envoya au roi de Lou et aux principaux seigneurs de sa cour un grand nombre de belles filles qui avaient été élevées dans l’exercice de la danse et du chant, et qui étaient capables d’amollir les cœurs par le