Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/136

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handrian Tsérouge, y laissèrent chacune plusieurs pièces d’or.

— Que cet or soit le symbole de l’union indissoluble de vos intérêts ! dit le vieil insulaire d’une voix solennelle. Vos richesses présentes et à venir seront en commun : vos biens ne seront point séparés ; que Dian Manach[1] vous comble de ses dons !

Wenceslas et le plus jeune fils du rohandrian de Manambaro ramassèrent quelques poignées de terre dans la direction des quatre points cardinaux et les jetèrent ensuite dans le vase :

— Que la terre du nord et du midi, du levant et du couchant produise des fruits savoureux pour vous ! continua le vieillard. Que toute terre où l’un de vous sera maître soit aussi la possession de l’autre ; qu’il y trouve asile et protection en tous temps et à toute heure de la nuit et du jour !

Plusieurs petits morceaux de bois, emblèmes de l’industrie et du commerce, car les pirogues, les radeaux et la plupart des rares meubles des Malgaches sont fabriqués avec du bois, furent jetés dans l’eau par Vasili et le principal serviteur du rohandrian Tsérouge.

Ensuite, l’un des officiers français et l’un des guerriers de Manambaro firent l’offrande de la poudre, des pierres à fusil et des balles.

— À la guerre, vous vous défendrez jusqu’à la mort ; vous vous devez assistance dans le danger pendant la vie, et vengeance si l’un de vous succombe au combat par trahison.

Sur ces mots, le patriarche des nations puisant dans le vase au javelot avec une feuille de ravinala, fit boire tour à tour chacun des quatre chefs qui prononcèrent alors à haute voix la formule du serment d’alliance.

  1. Dian Manach, l’or déifié, le Plutus de la légende malgache. (Fétichisme.)