Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/153

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qui auras allumé la guerre ! Effonlahé n’a pas vendu son terrain pour y laisser bâtir une forteresse !

— Général ! ce drôle nous déclare la guerre, mordious ! Ne palabrons pas une minute de plus, croyez-moi !…

— Bataillon ! commanda Béniowski en français, que personne ne fasse feu sans ordre ! – Les guides en tête ! – Par le flanc gauche… pas accéléré… marche !

Les boucaniers d’Anossi montraient la route.

Les tambours les suivirent en battant une sorte de charge.

Une sagaye, lancée par Siloulout, vint se planter dans la selle du cheval de Béniowski. – Des clameurs menaçantes retentirent sur la plage et dans les hauteurs couronnées de bois.

Béniowski parut les dédaigner, brisa la sagaye et en jeta les deux tronçons derrière lui.

Dans l’intérieur des palissades, avant de faire rompre les rangs, le général crut devoir haranguer ses soldats.

— Camarades ! leur dit-il, ne regardons pas comme un malheur la réception hostile qui nous est faite. Elle nous autorise à fortifier ouvertement notre camp. – Réjouissez-vous d’être enfin sur le terrain où votre zèle pour le service de votre patrie trouvera mille occasions de se signaler. – Ce territoire, aujourd’hui inculte et désolé, deviendra bientôt par vous le centre de notre puissance à venir ; il convient de lui donner un nom cher à la France. Qu’il s’appelle donc Louisbourg !… Et, vive le roi !

Les pièces de campagne furent mises en batterie ; – les tentes dressées, et le premier repas ne tarda pas à être pris par les aventuriers, à qui Fleur-d’Ébène, cantinière de la légion, versait du tafia.

Sans les retards systématiques qui avaient empêché Béniowski de revenir de l’Île-de-France en temps utile, sans la trame perfide ourdie par ses nombreux ennemis, il aurait été