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DIX CENTIMES

Dimanche 21 Octobre 1866

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LA

LIBRE PENSÉE

SCIENCES, LETTRES, ARTS, HISTOIRE, PHILOSOPHIE

JOURNAL HEBDOMADAIRE

ABONNEMENTS :

PARIS

Un an. ix mois... 3fr, | Trois mois, 4 fr. 50 ARTEMENTS Un an mois. 3 fr. 50 | : Trois mois : À fr. 75

GER, le port en sus.

BUREAUX :

A PARIS, RUE DES NOYERS, 31 (Boulevard Saint-Germain) Le Bureau est ouvert de dix heures à midi,

Émile EUDES, Gérant

SOMMAIRE :

PROGRAMME, par M. Coudereau ;

Deux ÉcoLes, par M. Letourneau ;

LA SGIRNGE DÉSINTÉRESSÉS, par M. Asseline ;

LA SCIENCE DES LANGUES, par M. Chavée ;

FRAGMENT DE MYTHOLOGIE COMPARE, par M. Girard de Rialle ; BIBLIOGRAPHIE, par M. E. Eudes.

PROGRAMME.

Quand jun nouvel écrit périodique vient prendre place à côté de ses devanciers, le public, seul juge compétent de sa valeur et‘de son opportunité, lui demande tout d’abord un exposé de son programme. :

Il veut connaître l’idée fondamentale, le but, les moyens qui seront mis en œuvre.

C’est un droit.

Nous allons répondre à cette curiosité légitime.

Notre titre dit assez nôs tendances. Affranchir l’esprit humain des hypothèses, des superstitions, des doctrines irrationnelles, tel est notre but. N’admettre de raisonnement que basé sur l’observation, l’expérience ; telle est nôtre loi.

Nous n’acceptons sur l’autorité d’aucune secte, d’aucune école, d’aucun homme, quelle quesoit leurrenommée, une affirmation contraire aux faits observés. Nous n’admettons d’autres règles que celles de la méthode expérimentale.

Tout homme intelligent doit pouvoir aujourd’hui, pensons : nous, $’associer aux mouvements des idées.

Notre pulilication s’adresse à tous, surtout à ceux qui reculent à l’idée de puiser lascience dans de gros etarides volumes, à tous ceux qu’effraye l’étude de la philosophie, obscurcie comme à plaisir par ie langage à part des scolastiques.

Nous passerons en revue tour à tour sciences, lettres, arts,

histoire, philosophie, —tout le patrimoine intellectuel de l’humanité, — sans autre prétention, sans autre parti pris que d’être utiles et vrais.

Nous donnerons sous une forme résumée les actualités scien ? tifiques, et les savants eux-mémes, espérons-nous, y puiseront avec quelque avantage. Ils pourront de la sorte suivre les développements de l’intellect humain sans être distraits de leurs recherches personnelles.

Propager la connaissance des lois de la nature, qui peut seule contribuer à rendre l’homme heureux et libre sera le but de nos constants efforts. Mais notre ambition va plus haut.

Successeurs des Encyclopédistes, nous considérons comme un devoir de développer les germes féconds qu’ils ont jetés dans le champ de la pensée.

Trop longtemps l’humanité a pris pour unique base de ses raisonnements, de ses recherches, l’hypothèse & priori et n’a pu produire que d’insoutenables théories.

Les longs siècles écoulés donnent à ces vénérables doctrines un parfum spécial de respectabilité. Une foule immense d’adeptes s’inclinent devant leur haute antiquité et les déclarent incontestables de par l’autorité du nombre.

La quantité des partisans et des années était en leur faveur de faibles preuves contre les faits observés par la science expérimentale. On leur adjoignit l’intolérance,

On posa des bornes au développement du savoir humain. Les doctrineslfurent décrétées saintes et placées sous la sauvegarde de l’ignorance et de la crédulité.

Leur garde d’honneur fut pour un temps la célèbre institution du saint office dont saint Pierre Arbuès est l’une des plus pures gloires.

Trop longtemps ceurbée sous le jougde la terreur, la raison humaine s’ankylosa. Le vice de conformation devient héréditaire. On vit se produire des générations hybrides d’orthodoxés savants qui usaient leur intelligence à ce triste labeur : ils torturaient la science et la tradition pour les faire concorder quand même et tant bien que mal faire concourir l’une à la plus grande gloire de l’autre.

Il en est encore, hélas ! qui vont disputer aux mites des