Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/108

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si le général parvenait à Hermosillo, il ne pouvait plus la devancer que de quelques heures.

La compagnie comptait à ce moment un effectif de deux cent cinquante-trois hommes. L’infanterie, sous les ordres de M. Fayolle, était divisée en huit sections de vingt à vingt-trois hommes chacune ; l’artillerie, composée de deux pierriers et de deux pièces de bronze d’un faible calibre, était servie par vingt-six hommes, presque tous marins. L’esprit de corps et l’amour-propre devaient faire exécuter des prodiges à ces braves jeunes gens. Quarante-deux hommes formaient la cavalerie, sous les ordres de M. Lenoir.

L’armée de M. de Raousset fera peut-être sourire ; nous rappellerons seulement que nous sommes en Sonore, et que cette troupe, numériquement si faible, était réellement redoutable par son instruction et sa discipline militaires, par la supériorité de son armement et par son intrépidité.

Le gouverneur et le général se flattaient d’en avoir bon marché ; les officiers mexicains parlaient avec une joyeuse espérance de ce prochain combat, où ils voyaient la gloire et l’avancement. Cette confiance anticipée n’avait-elle pas contribué aux exigences du général ? On est en droit de le penser.

Cependant, officiers et général se berçaient d’une vaine illusion : en rase campagne surtout, rien ne devait arrêter l’élan des Français ; ajoutons que le plus humble soldat de la compagnie avait conscience du rôle important qu’il allait jouer, que tous pensaient à la France et sentaient qu’une grande pensée allait être réalisée par eux.