Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/125

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vint à me manquer, comme je le redoute, j’apprendrais les dix ou douze langues qu’on parle dans les îles de la Sonde, et j’irais chercher les aventures dans les mers de l’inde. Il y a beaucoup à faire dans cette patrie du typhus et des diamants ! »

Le 1er avril, le général Santa Anna débarquait à la Vera-Cruz, et les ovations marquaient ses étapes jusqu’à Mexico.

Le nouveau gouvernement était à peine installé, que M. Levasseur, ministre de France, envoyait par l’intermédiaire de M. Dillon, à M. de Raousset, une invitation pressante de se rendre à Mexico. Un sauf-conduit en règle accompagnait cette invitation. M. Levasseur insistait sur la bonne volonté du nouveau Président, et bien que M. de Raousset ne partageât que modérément cette opinion, il partit au commencement de juin pour n’avoir rien à se reprocher.

À Mexico, comme naguère à San Francisco, le jeune vainqueur d’Hermosillo fut l’objet de l’attention et de la curiosité publique. Le Dictateur lui fit l’accueil le plus distingué. « — Je réparerai les injustices de l’administration que je remplace, lui dit-il ; je sais que vous êtes un homme d’idée et de résolution ; présentez-moi un projet ; nous le discuterons ensemble, et comptez sur moi. »

M. de Raousset sortit enchanté de cette première audience. Il se mit aussitôt à l’œuvre, et quinze jours après, il se présentait avec un plan complet. Le Dictateur le paya de belles paroles et ajourna indéfiniment sa réponse.

M. de Raousset prit patience ; ses illusions sur la bonne foi et la bonne volonté du général Santa Anna avaient été de courte durée, mais il était résolu à pousser les choses à l’extrême.