Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/135

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solution conforme aux vrais intérêts du Mexique et à ceux des hommes qui pensent comme moi. Toute conspiration devenait superflue le jour où le général Santa Anna se fût décidé à nous donner accès dans un pays que des milliers de braves gens considèrent comme une seconde patrie. — Vous connaissez, Monsieur le chargé d’affaires, tous les faits que je viens de relater. Mon ressentiment, et les conséquences qui allaient en résulter, n’étaient point un mystère pour vous. Il m’est donc difficile d’admettre que la légation de France ait cru devoir permettre à l’Universal d’outrager calomnieusement le caractère d’un homme venu à Mexico sous la protection du ministre français. Abandonné par vous, Monsieur le chargé d’affaires, je me vois à regret forcé de redresser moi-même des imputations flétrissantes et de donner à ma lettre une publicité qu’exige celle de l’accusation.

» En résumé, le gouvernement mexicain a refusé de réparer les iniquités et la spoliation indignes commises par son prédécesseur. Le 27 octobre, toutes mes illusions sur la bonne volonté et sur la bonne foi du général Santa Anna s’étaient évanouies ; tout rapport entre nous était rompu. En commençant à m’armer contre lui, dès ce jour, j’usais de mon droit.

« Le 27 octobre, j’étais un conspirateur ; soit : mais un traître !… je crois, Monsieur le chargé d’affaires, que vous auriez pu, sans compromettre votre caractère officiel, faire rectifier cette insulte imprimée par l’Universal. Dans les actes présents de ma vie, je sais très-bien que je joue ma tête : l’honneur demeure inattaquable.

» Oui, j’ai conspiré et je m’en glorifie ! Indignement spolié par les agents du gouvernement mexicain, mis en demeure par eux de renoncer à ma nationalité ou de quitter la Sonore, il n’existait aucun tribunal dans le monde auquel mes compagnons et moi pussions appeler de cette iniquité. La légation de France a été jouée comme moi-même par le général Santa Anna ; or, je ne suis pas de ceux qui plient sous une insulte. Le général Santa Anna m’a mis lui-même au nombre de ses ennemis. Conspirer avec eux, m’unir à eux pour le renverser, c’est mon droit. La chute du Dictateur est un fait facile à prévoir ; l’histoire du passé n’est-elle pas toujours celle de l’avenir ! Je suis patient, et je sais