Page:La Madelène - Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et ses aventures, 1859.djvu/87

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« Si je reviens d’Arispe, quelque chose qui arrive plus tard, vous aurez compris qu’il est des bornes à la patience et à la résignation. Si je n’en reviens pas, recueillez les noms de mes compagnons, et que la France fasse du moins payer au Mexique leurs intérêts perdus. »

Comme on le voit, la situation se tendait de plus en plus, et la possibilité d’une défense par les armes commençait à se faire jour.

Il y a quarante lieues de Santa Anna à Arispe. À moitié chemin se trouve l’ancienne mission de Cocospera, où habitaient alors les débris de l’expédition conduite en Sonore par M. de Pindray.

À son grand regret, M. de Raousset ne put dépasser Cocospera. Des raisons imprévues motivèrent son retour immédiat dans la compagnie.

Avant de rétrograder, il écrivit au général la lettre suivante :

Cocospera, 20 août 1852.
À Monsieur le général Blanco.
Général,

« À vingt-cinq lieues seulement d’Arispe, une maladie qui s’appesantit sur les Européens et l’envoi d’un courrier venu de Tubutama, m’obligent à rétrograder jusqu’au Saric, où ma présence est absolument nécessaire. Je regrette un contre-temps qui me prive du plaisir de vous voir et de m’entretenir personnellement avec vous, non-seulement des grands intérêts auxquels je me trouve mêlé, mais aussi des communications importantes que j’eus l’honneur de vous faire par ma première lettre.

» Vous êtes déjà parfaitement instruit du but que vient chercher, en Sonore, la compagnie dont je suis le chef. La haute protection de M. le ministre de France nous sert de garantie. La pureté de nos intentions