Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/133

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du corps, ni le corps de l’çffence de l’âme ; ils ne fe touchent en aucun point ; ils ne fe pouffent & ne s affe&ent par aucun mouvement , & cependant la trifteflè de Famé flétrit les charmes du corps & l’ulcère au poumon ôte la gaieté de l’efprit. Compagnons invifibles & inféparables , ils font toujours enfemble, ou fains ou malades. Mais peut-on être fain dans un Heu peftiféré ? Peut-on être fort dans les langueurs ? N’eft-il pas naturel que lame , qui ne fait rien que par le miniftere des fens, fe reffente de leurs plaifirs ,& partage leurs calamités ?

Mais Famé que la volupté paroît avoir abforbée^ ne lui cède, nedifparoît que pour un temps ; elle ne s’étoit éclipfée, en quelque forte , que pour reparoître , plus ou moins brillante , félon la modération avec laquelle on s’eft livré à l’amour. La même chofe s’obferve dans l’apoplexie , où tantôt l’amc, qu’un coup de foudre fembloit avoir frappée, reparoît , comme le foleil fur Thorifon, dans toute fa fplendeur , & tantôt dépourvue de mémoire & de fkgacité, fouvent imbécille. Mais alors qu’eft ce autre chofe qu’un foible pinçon , qui a penfé être écrafé dans fa cage , ou qui preffé dans un paflage étroit, y a laiffé fes plus belles plumes ?

Les bornes de l’empire de la volonté étant en raifon de l’état du corps , eft-il furprenant que les organes n’entendent plus , pour ainfi dire , la voix