Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/141

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sans s’entendre , à moins que vous ne vouliez excepter le perroquet du chevalier Temple , que je ne puis voir fans rire , agrégé à l’humanité par un métaphyficien qui croyoit à peine en dieu ?

Mais foyons juftes & impartiaux, & jugeons des animaux, comme des hommes. Quand j’en vois qui ne parlent point , on ne me perfuadera pas qu’une telle taciturnité foit de l’efprit , mais aufîi je ne pourrois être sûr qu’ils en manquent. Les animaux ne feroicnt-ils point de même que des gens fpéculatifs, plus raifonnables que raifonneurs , & aimant beaucoup mieux fe taire , que de dire une fottife î Songeons que le plaifir , le bien-être , leur propre confervation 9 eft le but confiant où tendent tous les reflbrtsde leur machine. Peut-être pour obtenir ce but naturel, n’ont-ils pas trop de toutes leurs facultés intellectuelles & de toute la circonfpe&ion dont ils font capables. Je ne fais donc s’ils ne garderoient point intérieurement , comme un tréfor dont il n’y a rien à perdre , rien à évaporer, toutes les penfées qui leur paflent par la tête. Ce qu’il y a feulement de fur , c’eft que fi le langage des animaux eft fans idées , plus heureux en cela , non que les fots , mais que bien des gensd’efprit, leur conduite ne luireflemble pas. Nous faifons le matin pour ainfi dire, une toilette dtfprity pour briller dans les feftins & dans les cercles , & le foir nous faifons une démarche,