Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/144

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tandis que ceux qu’on néglige , marchent à pas de géant , fe diftinguent , & font, comme en jouant , l’admiration des connoiffeurs. Le maître retire alors un honneur dû tout entier à la nature.

En général les efprits vifs ont beau jeu : ils font bien du chemin en peu de temps , & cela efi vrai par-tout.

Pouffons plus loin la confidération de la diverfné des âmes , & ne reftraignons point aux bêtes par orgueil , les richefTes & la magnificence du créateur.

Quand on confidere tout le manège de certains végétaux , comme ils fe placent , fe préfentent , s’entortillent aux plantes voifines pour la confervation & la multiplication réciproque , on n’ofe blâmer les anciens d’avoir libéralement accordé aux végétaux une forte d’inftinét, qui leur fuggere les moyens les plus propres pour fe conferver & perpétuer leur efpece. Ceft aufli ce que n’ont osé faire quelques savans botaniftes. Pourquoi donc refufer à ces pauvres plantes ce qui leur eft donné par des gens qui doivent les connoître y puifque ordinairement ils ne connoiflent qu’elles ?

Non-feulement les plantes ont une ame , & une amede leur fabrique, comme tous les corps dont les opérations régulières nous étonnent ; mais il y a une vraie différence dans les âmes végétales , ainfi que dans la double daffe des âmes animales.