Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/46

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LXXI.

Que riſque-t-on à mourir ? Et que ne riſque-t-on à vivre ?

LXXII.

La mort eſt la fin de tout ; après elle, je le répète, un abyme, un néant éternel ; tout eſt dit, tout eſt fait ; la ſomme des biens, & la ſomme des maux eſt égale : plus de ſoins, plus d’embarras, plus de perſonnage à repréſenter ; la farce eſt jouée[1]

LXXIII.

« Pourquoi n’ai-je pas profité de mes maladies, ou plutôt d’une d’entr’elles, pour finir cette comédie du monde ! Les frais de ma mort étoient faits ; voilà un ouvrage manqué, auquel il faudra toujours revenir. Semblables à une montre dont les mouvemens retardés, parcourant toujours le même cercle, quoique avec plus de lenteur, remettent cependant l’aiguille au point où elle étoit, quand elle a commencé de tourner, nous parviendrons tous de même au point que nous fuyons : la médecine la plus éclairée, ou la plus heureuſe, ne peut que retarder les mouvemens de l’aiguille. À quoi bon tant de peines & tant

  1. Rabelais.