Page:La Mettrie - Œuvres philosophiques, éd. de Berlin, Tome second, 1796.djvu/99

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au loin par elle-même , pour fe rappeler enfuire les fons & les images au premier aéte de fa volonté : fi elle n’eût pris fur elk de juger des corps indépendamment des fens fournis à leur adion , & fans aucun rapport de ces vils commis ; plus de clarté , plus de triage , plus de diftin&ion d’idées : impoffibilité de donner à lune la préférence fur l’autre. Comment les contempler, les féparer, les rapprocher , les combiner ? Où font , s’écrie merveilleufement notre doâe commentateur , ou font les tiroirs & la commode aflez vafte , pour mettre l’idée ou la repréfentation de chaque chofe en un tel ordre , fi bien en fon lieu & fa vraie place , qu’elle foit facile à trouver ? Le cerveau , magafin , arfenal ou répertoire de toutes nos idéees ! eh ! fi ; fi donc encore une fois ? Il ne manque plus que de définir ainfi la mémoire , pour donner dans tous les travers du matérialisme. Mais je veux que l’imprelfion des objets externes pafle jufqu’au cerveau , qu’on me dife donc quelle place un fon, quelle place une image occupe dans ce vîfcere ; comment une fimple machine peut s’accoutumer à diftinguer les voix entr’elles , celles des animaux , de l’homme , de la femme , (& par elles, leurs différens âges,) & de cet amphibie fans barbe qui n’ett ni homme ni femme * qui n’a de fexe qne l’ombre du lien , & de talens que celui de chanter. Que tous nos favans machinijlcs nousdifent par quelle mécanique