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conduits à Lamballe. Mme  de La Guyomarais dans une charrette, ces Messieurs enchaînés. Leurs chevaux et voitures menaient à Lamballe les braves patriotes.

De Rennes à Paris le voyage se fit dans des chariots ; ils furent conduits à l’Abbaye. Après plus de trois mois de captivité, Mr , Mme  de La Guyomarais, M. Thébaut La Chauvinais, furent jugés, condamnés, exécutés, le 18 juin 1793, avec les autres Conjurés Bretons, victimes eux aussi de l’infâme traître Cheftel. M. et Mme  de La Guyomarais et leurs amis montèrent à l’échafaud au cri de « vive le roi. »

Amaury et son frère, Casimir de La Guyomarais, furent jugés après leurs parents. Amaury fut acquitté comme n’étant pas complice de ses parents. Il n’était pas à la Guyomarais pendant la maladie ni à la mort du Marquis[1].

Casimir, qui dans son interrogatoire avait nié énergiquement avoir vu le Marquis chez son père, sur six voix, il en eut trois pour la mort.

Mais, pour être guillotiné, il fallait avoir 16 ans, le district de Lamballe mit âgé de 15 ans et demi[2]. Malgré l’acquittement des deux frères, par le tribunal révolutionnaire, ils furent mis à la prison de Sainte-Pélagie. Amaury y passa peu de temps, il fut incorporé dans le 15e régiment de chasseurs à cheval. Casimir ne fut mis en liberté que le 23 décembre 1793 ; lui aussi fut incorporé dans le 15e chasseurs, cantonné sur les bords de la Loire.

Les deux frères convinrent que la première fois qu’ils iraient tous deux baigner leurs chevaux, ils les feraient traverser le fleuve ; qu’ils iraient dans la Vendée rejoindre l’armée de Charette. Amaury, plus âgé de cinq ans que Casimir, habitué chez son père à monter à cheval, parvint un jour à mettre le sien à la nage et à gagner l’autre rive. Il fut dans la Vendée, s’engagea dans l’ar-

  1. Cheftel et Perrin ignoraient que sous le prétexte de faire des visites aux amis et voisins de son père, Amaury leur portait des messages du Marquis. — C. de La Guyomarais.
  2. Ce ne fut qu’à l’époque de son mariage, avec Mlle  de La Goublaye de Nantois, qu’il sut qu’il était né le 11 juin 1776, et qu’au moment de son jugement, il avait 17 ans passés. — C. de La Guyomarais.