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LA NATURE.

attiraient l’attention des passants ; mais ce qu’on remarquait surtout, dit l’Officiel d’après la Gazette de Cologne, c’était un grand nombre de caisses vides en fer. On pouvait en compter jusqu’à 500. Ces récipients doivent servir à transporter l’eau nécessaire au personnel de l’expédition chacune de ces caisses peut contenir 100 livres (mesure allemande) d’eau. Elles sont émaillées à l’intérieur, pour que le liquide puisse s’y conserver plus longtemps intact. Ces provisions sont la principale garantie de la réussite de l’entreprise ; car, si l’expédition a ce qu’il lui faut en ce genre, indépendamment des ressources que lui fourniront les sources et les puits, elle pourra manœuvrer dans toutes les directions.

On sait que c’est le vice-roi d’Égypte qui fait généreusement les frais de cette exploration à travers le désert. Ce prince avait déjà soutenu de ses deniers, le voyageur Schweinfurth le zoologue Hœkel, sans parler de Baker, qui, en dehors des frais de son expédition, a reçu du vice-roi pendant quatre ans, 10 000 liv. st. chaque année. Il est probable que l’expédition nous apportera des renseignements sur la géologie et le relief de la partie est du Sahara, qu’elle nous dira par exemple si dans cette section du grand désert il existe des chaînes de montagnes, des dépressions, des hauteurs, des oasis, des formations de sable, etc. ; en un mot, qu’elle fera connaître un coin de notre globe, grand comme le centre de l’Europe et resté jusqu’à ce jour complètement inexploré et inconnu. Le départ d’Europe des voyageurs aura lieu à la fin de novembre. On quittera l’Égypte au commencement de décembre, et, à la fin de ce dernier mois, nous pourrons avoir déjà des relations du voyage, datées peut-être de Tarafreh. Quant au but principal, Koufra, au centre du désert de Libye, on peut y parvenir pour la fin de janvier dans les circonstances les plus favorables. Il avait d’abord été question de partager l’expédition en deux troupes, mais il a été décidé que tout le monde partirait ensemble de Minich ou de Siout, en se dirigeant vers l’ouest. Ces deux points ont été choisis à cause de leur position sur un chemin de fer ; ils formeront une base fixe d’opérations.

Observations scientifiques des Russes à Kiva. — Le temps que les troupes russes doivent passer encore dans le Rhanat de Khiva est employé, sur les ordres du général Kauffmann, à la continuation des études scientifiques interrompues par l’expédition contre les Turcomans. Le colonel Gluchowski et le lieutenant-colonel baron Kaulbars ajoute le Journal officiel, à qui nous empruntons ces documents, sont occupés en ce moment à des levés topographiques du pays. Les Usbeks de Khiva ne manifestent plus cette haine fanatique contre les étrangers (kafirs) qui domine en général chez les musulmans d’Asie. Ils sont très-communicatifs, dit un correspondant russe de la Gazette d’Ausbourg, et ne prétendent point que toutes les inventions européennes sont des ouvrages du démon (shaitan).

C’est ce que peuvent constater les officiers qui s’occupent de topographie, de photographie et d’astronomie. Les photographies prises par M. Kriwhow excitent partout les plus vives sympathies. Les indigènes s’efforcent devenir en aide à l’artiste et ils se laissent très-volontiers photographier. La cause en est que les Khivains ne peuvent être considérés comme des Usbeks pur sang ; l’introduction d’esclaves persanes ayant depuis des siècles amené un mélange de races, de même que le voisinage des Russes a provoqué un mélange avec le sang moscovite. La mère du divan Beghi Mat Niaz était une prisonnière russe. Comme nous l’avons déjà dit précédemment, l’expédition russe ne manquera pas de nous fournir une quantité de détails du plus haut intérêt, sur des nations à peine connues. N’est-il pas triste, qu’il faille la guerre pour amener ces résultats ?

Le télégraphe Hughes. — Depuis que M. Hughes découvrit en 1830, aux États-Unis, le synchronisme de son curieux appareil, à l’aide des vibrations d’une tige métallique, il fit faire des progrès rapides à son admirable découverte, qui prend tous les jours une plus grande extension. Un habile praticien, M. G. Miriel, vient de publier un remarquable ouvrage, où il décrit avec de grands développements le télégraphe Hughes, où il explique la théorie de son emploi, où il parle de son maniement et des avantages qu’offre ce beau système. Le livre de M. G. Miriel sera apprécié par tous ceux qui s’intéressent aux progrès de la télégraphie.


BIBLIOGRAPHIE

Une synthèse physique. — Ses inductions et ses déductions. — Universalité des grandes forces ; leurs conditions originelles ; leur rôle dans le fluide éthéré. Avec un appendice physico-physiologique, par le docteur Aug. Durand (de Lunel), officier de la Légion d’honneur, médecin principal de 1re classe, en retraite, médecin consultant à Vichy. — Paris 1873. — Un vol. in-18, de 185 pages. — E. Savy, éditeur, 24, rue Hautefeuille, Paris. — Prix : 3 francs.

Le ciel géologique. — Prodrome de géologie comparée, par Stanislas Meunier. — 1 vol. in-8o. — Firmin Didot frères, fils et Cie, 56, rue Jacob, Paris. — Prix : 4 francs.

Ce bel ouvrage, auquel le monde savant a déjà fait un si favorable accueil, abonde en vues nouvelles, élevées, qui en font une œuvre essentiellement originale ; l’auteur y jette les bases d’une science nouvelle, appelée à un grand avenir, et certainement destinée à ouvrir de vastes horizons à la philosophie naturelle.


EMPLOI DES TUYAUX DE PLOMB
POUR LA CONDUITE DES EAUX.

Le conseil municipal de Paris a été saisi, dans une de ses dernières séances, d’une question d’hygiène publique des plus importantes, puisqu’elle met en cause la santé de plusieurs millions de personnes. Il s’est occupé d’une espèce d’agitation qui s’est produite depuis quelque temps et qui continue encore au sein de la population parisienne au sujet de l’usage des tuyaux de plomb servant à la distribution des eaux potables.

Cette agitation a pour point de départ une pétition présentée à la signature d’un grand nombre de personnes honorables, pétition par laquelle on demande la suppression absolue des tuyaux de plomb et leur remplacement par des tuyaux également de plomb, mais revêtus intérieurement d’une mince couche d’étain. On invoque pour cela l’action délétère des composés plombiques, action malheureusement trop connue, et l’on admet que la surface de ce métal en contact