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N°30 — 27 DÉCEMBRE 1873.
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LA NATURE.

AUGUSTE DE LA RIVE

Auguste de la Rive est né à Genève en 1801. Cet homme célèbre que la mort vient d’enlever est fils de Charles-Gaspard de la Rive, chimiste et physicien, né et mort comme lui à Genève, après avoir comme lui contribué à la gloire de l’Académie de cette ville.

Destiné au barreau, Charles-Gaspard, son père, avait dû se réfugier en Angleterre, à la suite d’une condamnation du tribunal révolutionnaire de Genève. Il ne revint dans sa patrie qu’après un exil de plusieurs années, utilement employé à faire ses études médicales à l’Académie d’Édimbourg. C’est dans l’Athènes du Nord qu’il contracta une étroite amitié avec le grand Davy, ce qui devait le mettre en rapport également intime avec Ampère et Arago.

Auguste, inspiré par le noble exemple de son père, ne se borna pas à étudier le droit ; il s’adonna également à la culture des sciences physiques, et notamment de l’électricité, dans laquelle son père avait fait d’intéressantes découvertes.

Maison de la Rive (d’après une photographie).

Il n’avait que 22 ans lorsqu’on lui confia la chaire de physique, qu’il occupa jusqu’en 1846, époque à laquelle il donna sa démission à cause des changements survenus dans le gouvernement de la république. Quoique protestante, la famille de la Rive ne partageait pas l’hostilité de beaucoup de ses coreligionnaires contre la religion catholique, et l’on vit plus d’une fois les de la Rive contribuer de leurs deniers à l’édification de temples appartenant à une confession rivale de la leur. Ils ne pouvaient, par conséquent, approuver la part active que le gouvernement de la république prenait à la guerre du Sonderbund.

Dans cette période critique de l’histoire de Genève, Auguste de la Rive avait été un des chefs les plus actifs et les plus résolus du parti conservateur. La défaite de ses amis le décida à la retraite, et il ne rentra dans la vie politique que lorsque la république put se croire menacée dans son existence par les agrandissements de la France.

En 1861, époque de l’annexion de la Savoie à la France, il se rendit en Angleterre, comme ministre plénipotentiaire de la Confédération helvétique. Grâce à l’action très-active exercée par le roi Léopold en faveur de la Belgique, il obtint du cabinet anglais l’assurance qu’une annexion à la France serait considérée comme un casus belli.

Le premier travail d’Auguste de la Rive est un mémoire sur les courants électriques produits par l’action du magnétisme terrestre dans la portion mobile d’un conducteur voltaïque. C’est ce curieux phénomène, si plein d’enseignements, qui attira les premières méditations du jeune de la Rive. C’était le couronnement de l’édifice dont les fondements ve-