Page:La Nouvelle Revue, volume III-13 (janvier-février 1910).djvu/4

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais j’aperçois là Parménon qui revient juste à point du marché !… laissons-le conduire cet homme à la maison.


DÉMÉAS, PARMÉNON, LE CUISINIER

Parménon. — Hé bien ! cuisinier, tu ne cesses pas encore d’en conter ! Je me demande pourquoi tu promènes partout tes tranche-lards ! car il suffit bien de ta langue pour tout hacher ! cesse au nom du ciel !

Le Cuisinier. — Comment ! malappris ! de ma langue !

Parménon. — Par les dieux, c’est du moins mon avis.

Le Cuisinier, volubile. — Parce que je m’enquiers du nombre des tables que vous allez faire, du nombre des femmes invitées, de l’heure du repas, parce que je demande si je dois prendre un aide pour la table, si vous avez chez vous assez de vaisselle, si vous avez une rôtisserie couverte, si vous avez tout sous la main…

Parménon. — Ah ! tu m’assassines, mon brave ! tu me traites, si tu ne le vois pas, comme chair à pâté… et pas au petit bonheur !…

Le Cuisinier. — Va te promener !

Parménon. — … et à propos de tout ! Allons, entrez chez nous !

(Le cuisinier et son aide s’approchent de la maison.)

Déméas. — Parménon !

Parménon. — Qui m’appelle ?

Déméas. — Oui… parfaitement… c’est moi !

Parménon. — Salut, maître.

Déméas. — Pose-là ton panier et viens ça !

Parménon. — Ce n’est pas de refus ! (Il va poser son panier à la porte). Voilà un bonhomme qui à mon sens n’ignore rien de ce qui se passe ici !… c’est un curieux s’il en fut… mais il décampe… voilà qu’il a fait claquer la porte ! (la porte s’ouvre, paraît Chrysis). Chrysis ! fais tout ce que le cuisinier demande !… Quant à la vieille, au nom des Dieux, tenez-la loin des pots ! (Le cuisinier, son aide et Chrysis entrent dans la maison, se tournant vers son maître). Que faut-il faire, maître ?

Déméas. — Que faut-il faire ? — viens ici, loin de la porte… encore un peu…

Parménon. — Voilà !

Déméas. — Et maintenant, écoute, Parménon… Je vais te fouetter, par les douze Dieux, et pour une raison toute simple.

Parménon. — Me fouetter ! Qu’est donc que j’ai fait ?

Déméas. — Tu as un secret pour ton maître !

Parménon. — Par Dionysos ! Par Apollon ! non ! je n’en ai pas ! Par Zeus Sauveur ! par Asclépios !