Page:La Nouvelle Revue, volume III-13 (janvier-février 1910).djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Déméas. — D’assassiner ta…

Nicératos. — Oui, elle est complice !

Déméas. — Mais pas du tout, Nicératos !

Nicératos. — Je tenais à te prévenir ! (Il se précipite à nouveau chez lui).

Déméas. — Cet homme est d’humeur sombre ! Quel bond il a fait ! Comment se tirer de ces méchantes histoires ! Par les dieux, je ne sache pas être jamais tombé dans un tel tohu-bohu !… Cependant le meilleur parti, à beaucoup près, c’est de déclarer ouvertement la vérité… mais, Apollon, la porte vient encore de grincer.

(De la maison de Nicératos, s’élance Chrysis, l’enfant sur les bras, poursuivie de Nicératos, un bâton à la main).

DÉMÉAS, CHRYSIS, NICÉRATOS

Chrysis. — Malheureuse ! que vais-je faire ? où fuir ! mon petit, il veut me le prendre.

Déméas. — Chrysis, ici !

Chrysis. — Qui m’appelle ?

Déméas. — Vite, ici !

Nicératos. — Où es-tu ? où te sauves-tu ?

Déméas, à part. — Par Apollon, cela m’a tout l’air de devenir pour moi le jour d’un combat singulier ! (À Nicératos.) Que veux-tu ? Après qui cours-tu ?

Nicératos. — Déméas, débarrasse la place ! Laisse-moi m’emparer de l’enfant ! Après, je saurai tout des femmes !

Déméas. — Au fou ! Mais ne vas-tu pas me battre !

Nicératos. — Mais si ! Va là dedans te faire pendre, et promptement !

Déméas. — Alors, ma foi, nous serons deux ! (Ils se battent.) Sauve-toi, Chrysis, il est plus fort que moi ! (Chrysis se réfugie avec son enfant dans la maison de Déméas.)

Nicératos. — Ose me toucher maintenant ! (Il lui donne des coups de bâton.)

Déméas. — Des témoins ! Des témoins !

Nicératos. — Tu ne veux pas me laisser !

Déméas. — Un bâton contre une femme ! quel scélérat !

Nicératos. — Sycophante !

Déméas. — Sycophante toi-même !

Nicératos. — Me rends-tu l’enfant ?

Déméas. — Tu veux rire ! il est à moi !

Nicératos. — Mais non ! il n’est pas à toi !

Déméas. — Il n’est pas à moi ! Ô bonnes gens !