Nature un empire abſolu, mais qui dans le
tête-à-tête, ſont les plus ſenſuelles. Tel
étoit, à peu près, le caractere de ma mere.
S’il lui arrivoit d’interroger quelquefois ſon
cœur, elle ne pouvoit le faire, ſans appeller
le plaiſir. Le plus ſouvent, elle folâtroit
avec lui ; c’étoit ſa paſſion dominante : auſſi,
avec quelle vivacité ne ſe prêta-t-elle pas
aux traits que lui porta le fils de Vénus !
De tous les concurrens qui ſoupiroient pour ſes beaux yeux, un jeune Financier, très-diſpos, vigoureux & de bonne mine, étoit le mieux traité. Ce nouvel Athlete, ſe rendoit ſouvent chez ma mere, à la faveur de la nuit ; & tandis que mon pere étoit, à cent lieues de ſon épouſe, au ſervice de ſon Prince, car j’avois oublié de dire qu’il rempliſſoit un poſte honorable dans un Régiment de Cavalerie, le favori du cœur goûtoit, dans les bras de ſon Hélene & ſous la ſauve-garde de l’amour, des