Page:La Nouvelle Thérèse, ou la Protestante philosophe, 1774.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
LA NOUVELLE


Nature un empire abſolu, mais qui dans le tête-à-tête, ſont les plus ſenſuelles. Tel étoit, à peu près, le caractere de ma mere. S’il lui arrivoit d’interroger quelquefois ſon cœur, elle ne pouvoit le faire, ſans appeller le plaiſir. Le plus ſouvent, elle folâtroit avec lui ; c’étoit ſa paſſion dominante : auſſi, avec quelle vivacité ne ſe prêta-t-elle pas aux traits que lui porta le fils de Vénus !

De tous les concurrens qui ſoupiroient pour ſes beaux yeux, un jeune Financier, très-diſpos, vigoureux & de bonne mine, étoit le mieux traité. Ce nouvel Athlete, ſe rendoit ſouvent chez ma mere, à la faveur de la nuit ; & tandis que mon pere étoit, à cent lieues de ſon épouſe, au ſervice de ſon Prince, car j’avois oublié de dire qu’il rempliſſoit un poſte honorable dans un Régiment de Cavalerie, le favori du cœur goûtoit, dans les bras de ſon Hélene & ſous la ſauve-garde de l’amour, des