Page:La Pérouse - Voyage de La Pérouse, Tome 1.djvu/195

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dont la pointe est armée d’un os tranchant : ils portent un bouclier fait de joncs et d’écorce d’arbre, de deux ou trois pieds de long sur un de largeur. Leurs pirogues sont très-légères, et ont depuis quinze et vingt-cinq, jusqu’à soixante-cinq pieds de longueur. Les coutures en sont recouvertes d’une espèce de brai ou mastic qui les rend impénétrables à l’eau.

Surville ne put obtenir aucun rafraîchissement de ces peuples. Il s’empara seulement d’un jeune sauvage de treize à quatorze ans, qu’il destina à lui servir d’interprète dans la suite de ses découvertes.

Il quitta le port Praslin le 21 octobre, et continua de naviguer le long de ces terres, vers l’est-sud-est, et ensuite vers le sud-est. Dans plusieurs endroits, il perdait de vue la côte, et n’apercevait aucune terre au-delà dans ces intervalles. Il en conclut, avec fondement, que ces ouvertures ou lacunes indiquent ou des baies, des golfes très-profonds, ou des canaux qui, divisant ces terres en plusieurs isles, en forment un archipel. Plusieurs pirogues, sur sa route, se détachèrent de la côte et vinrent à son bord. Il fit quelques petits présens aux sauvages qui les montaient ; mais partout il trouva des marques de la plus grande défiance. Ces peuples sont grands voleurs, comme tous les habitans des isles du grand Océan équatorial.

Surville observa que le jeune indien qu’il avait amené du port Praslin, ne pouvait se faire entendre des habitans de la côte ; qu’il en avait même grande frayeur : ce qui fit juger à Surville que ces terres sont fort étendues, et que