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I

Il ne sert de rien de proclamer à haute voix que la propriété littéraire est la plus respectable des propriétés, si du même coup on ôte au propriétaire la libre disposition de ce qui lui appartient. Ce n’est pas le mot que demandent les auteurs, ils l’ont depuis longtemps ; c’est la chose qu’ils attendent toujours !

Il est trop évident que je ne suis pas propriétaire de l’œuvre littéraire que mon père m’a laissée en héritage, si, moyennant une rétribution qui m’est imposée de force et que je n’accepte pas, le premier venu peut disposer à son gré de ma chose, donner au livre qui m’appartient une forme qui ne me plaît pas, y joindre une préface ou des notes qui peut-être déprécieront l’œuvre à laquelle on les joint.

Quand la loi déclare qu’elle ne me reconnaît aucun droit de propriété, elle est injuste et cruelle, mais elle est logique ; en est-il de même quand, après m’avoir déclaré propriétaire, elle me retire d’une main ce qu’elle me donne de l’autre ? Une chose dont tout le monde a le droit d’user, est-ce une propriété ?

Si la propriété littéraire a un caractère que le droit commun n’a jamais connu ; si elle n’est pas