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Page:La Révolution surréaliste, n02, 1925.djvu/13

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ENQUETE II sachent comment j’ai fini. — Je souhaite même que les indifférents, c’est-à-dire que la masse du public pour qui je serai l’objet d’une conversation de dix minutes (supposition peut-être exagérée), sache, quelque peu de cas que je fasse de l’opinion du grantl nombre, sache, dis-jc, que je n’ai point cédé en lâche et que la mesure de mes ennuis était comble quand de nouvelles atteintes sont venues la faire verser, que je n’ai fait qu’user avec tranquillité et dignité du privilège que tout homme tient de la nature, de disposer de soi. Voilà tout ce qui peut m’intéresser encore de ce côté-ci du tombeau : au delà de lui sont, toutes mes espérances, si toutefois il y a lieu. BENJAMINCONSTANT,dansLe CahierRouge: Je fis ce qu’on voulut avec une docilité parfaite, non que j’eusse peur, mais parce que l’on aurait insisté, et que j’aurais trouvé ennuyeux de me débattre. Quand je dis que je n’avais pas peur, ce n’est pas que je susse combien il y avait peu de danger. Je ne connaissais point les effets que l’opium produit, et je les croyais beaucoup plus terribles. Mais d’après mon dilemme, j’étais tout à fait indifférent au résultat. Cependant, ma complaisance à me laisser donner tout ce qui pouvait empêcher l’effet de ce que je venais de faire dut persuader les spectateurs qu’il n’y avait rien de sérieux dans toute cette tragédie. Ce n’est pas la seule fois dans ma vie qu’après une action d’éclat, je me suis soudainement ennuyé de la solennité qui aurait été nécessaire pour la soutenir et que, d’ennui, j’ai défait mon propre ouvrage. Et CARDAN,mathématicien pessimiste(1501-1370): Laboravi interduin Amore Heroïco ut me ipsum trucidare cogitarem. El SENANCOUR,Obcrmann,LettreXLI. Quidoncprétendaitquenousytutonsenpleinromantisme? Cellegrandevoixsincère,et qui s’estlue,p’vt-êtreen retrouverons-nous l’éehochezquelques-uns. M. PHILIPPECASANOVA

Veuillez excuser, je vous prie, ma réponse : je ne la veux ni impertinente, ni fausse, ni littéraire — elle est humaine, actuelle, et personnelle. Je n’en sais rien. Si je veux savoir, ma volonté dissipe mes intuitions. Libres, mes intuitions sont,absurdes. Eigurez-vous des points d’interrogation introduisant des clefs d’ombre dans des serrures obscures. Et à ce « je n’en sais rien », je suis tenté d’ajouter:

nChilosa? » 

M. YVESGUEGEN: La volonté n’est qu’obéissance (Nietzsche où es-tu) à une nécessité dont l’accomplissement ou le non accomplissement comporte une sanction. D’ailleurs une nécessité sans sanction en serait-elle une ? Ne pas mourir: Vivre est la sanction. Ne pas vivre : Mourir est la sanction. M. ANDRÉBIANE: Le suicide corporel est donc une solution. Le suicide moral en est une autre. Le premier est à la portée de tout le monde Le second exige un progrès trop grand dans la pensée humaine. Il y a deshommesquiviventdanslescoïncidences. I.edessin suivant,intitulé: Moi-même mort,M.OSCARKOKOSCHKA venait</el’acheverquandil reçutle questionnaire de notre enquête. Nousinsistonssur le caractèremiraculeuxdecelteroj/iridenec. M.MAXIMEALEXANDRE; Ils nous en ont fabriqué un monde ces « grands hommes » : Moïse,Jésus-Christ et M. Poincaré ! A faire vomir les entrailles au plus gai parmi nous. Redresser tout cela ? Se donner de la peine ? Recommencerla création? Lesuicide est tellement plus simple ! Et puis, je m’en fous pour les autres. Et pour moi, quand je me suiciderai, vous le lirez dans les journaux. Voici le cortège qui s’avance. Heurs charmantes, habillées en jeunes filles, la nuit les précède, parée de diamants et de mille choses frivoles. Bonjour la nuit, bonjour les petites filles, avancez vers moi ! L’ennui, la mort, non, cela n’a pas d’importance, nous sommes condamnés à ce passage entre deux rêves : la vie. Ne nous attardons pas trop. Le suicide ? Si vous voulez. Maispeut-être y ; -t-il un autre moyen ? C’est vrai, il y a l’ai-