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Contre-Enquête
sur l’Évolution littéraire.

Nos lecteurs ont dû remarquer que la presse, dans ses récentes enquêtes avait soigneusement évité de demander aux éminents collaborateurs de la Revue Blanche leur avis sur l’évolution littéraire qui occupe en ce moment tous les esprits.

La presse a-t-elle eu tort ?…Nous n’insisterons pas n’étant pas gens de chicane. Nous nous contenterons de faire nous-mêmes cette contre-enquête. Notre distingué collaborateur-reporter, M. Jean Lureau, qui est un nouveau venu parmi nous a réclamé la tâche délicate de recueillir, collationner et présenter au public les différentes opinions de nos écrivains et de nos poètes sur le mouvement que M. M. Blum et Toché n’hésiteraient pas à qualifier de fin-de-lettres.


Je ne diviserai pas en groupes distincts les hommes de lettres que j’ai mission de consulter. J’estime, comme La Harpe aurait eu raison de le dire, que rien n’est plus superficiel que les classifications en matière d’art : Homère, qui, dit-on, ne fut pas un imbécile, a chanté la Batrachomyomachie ; Michel-Ange a été tour à tour peintre superbe et sculpteur de génie ; Victor Hugo a écrit les Misérables ; Bergerat laisse à la postérité de délicieuses aquarelles… et Jean Rameau ! Comme tous ceux là, nos collaborateurs, on a pu en juger, sont experts en l’art si délicat du cumul. Je me