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— Un kilomètre de Lee Robbins. Quand les dames peintres n’ont pas assez de talent pour se faire pardonner leur sexe, elles feraient mieux de n’exposer que pour la famille et les amis. Je ne dis pas cela seulement pour Mlle Robbins, qui réussit assez bien les sucreries. — Le portrait de E. Uhde est en zinc. — Les paysages de Billotte sont délicieux. M. Billotte exprime en des tonalités douces et si tristes la mélancolie grise des paysages pelés et crayeux. La facture en est précise et discrète, cette conception du paysage est très personnelle. M. Billote ne se borne pas à copier la nature mais cherche à interpréter le sentiment particulier qui s’en dégage. — Duez, toujours lourd, commun, compact, froid, pénible et plat malgré la prétention à l’originalité. — Cette année Carrière s’est définitivement affirmé. Son exposition compte parmi les plus belles du Salon. Dans cette lumière empoussièrée, ce sont les mêmes êtres tristes et maladifs. Voici le portrait de M. Daudot, portrait d’une vérité si cruelle que l’on n’ose en faire l’éloge. Les yeux de terreur de cette face souffreteuse… La petite fille est un peu disloquée. Le Matin, l’ingénuité d’un baiser dans la lumière. Une des rares toiles où la vision de Carrière s’égaye, une des meilleures sans contredit. Le portait de Verlaine. La face de faune du poête, irréelle vraiment, mais telle que nous la devons imaginer.

Montenard. Du soleil à flots, l’éblouissement des arènes en plein midi, avec des ombres lumineuses. Du reste aucune malice de procédé. L’intensité de lumière est obtenue simplement, sans heurts de couleurs. Les Arènes sont d’une chaleur de ton inouïe, mais je leur préfère de beaucoup le Promenoir, une fine étude de femmes dans l’ombre portée des stores, éclairées par les réverbérations du cirque. Une étude de mer d’un bleu un peu lourd, manque d’air. Le vieux Bastidon une merveille de calme et de gaité isolée.

Prinet, coin de salon, les spirales des robes entrainées