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Dessin d’Arthur Rimbaud (1860).
TROISIÈME ARTICLE[1]


Au mois de mars de l’année 1880 Arthur Rimbaud, guéri des fièvres, retourne à Chypre où l’amitié d’un ingénieur lui a fait escompter la poursuite avantageuse de ses voyages. On l’y voit alors, non plus, comme en 1878, chef de carrière dans un fond granitique et marmoréen, mais sur le sommet de la plus haute montagne de l’île, sur le Troodos ; il est employé comme surveillant à la construction d’un palais destiné au gouverneur.

Malgré que dans ces fonctions il doive, écrivait-il à sa mère, « arriver à une bonne position », il ne saurait s’y maintenir ; car la dépendance, fût-ce envers un ami, lui est impossible, et son besoin de voir demeure incompressible. Aussi, quelques mois plus tard, en août, après avoir passé le canal de Suez, respiré l’air des contrées bibliques, exploré et interrogé les ports de la mer Rouge, Djeddah, Souakim, Massaouah, Hodeldah ; après avoir poussé une pointe interrogante sur l’Abyssinie, entre-t-il dans le golfe d’Aden et débarque au port anglais de ce nom où, sur la présentation d’un camarade rencontré à Massaouah, il est engagé comme acheteur dans un établissement de commerce dont l’agent se trouve être un colonel français en retraite.

  1. Voir les deux premiers dans La revue blanche des 15 août 1896 et 15 avril 1897.