Page:La Revue blanche, t2, 1892.djvu/213

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France. En 1889, il tombe gravement malade, est ramené de Turin à la maison de santé de Iéna, qu’il quitte au bout d’une année pour chercher dans un établissement d’hydrothérapie sa guérison.)

L’attention de la critique fut attirée sur lui pour la première fois après l’apparition de son livre sur, ou plutôt contre David Strauss, l’auteur célèbre de la Vie de Jésus. Néanmoins son œuvre originale par laquelle il rêvait de réformer la société, ne date que de sa « guérison de Wagner » « ce Cagliostro de la Modernité » et de Schopenhauer, « le philosophe de la décadence », sous le charme fatal desquels il était resté jusqu’en 1876.

Les ouvrages de cette nouvelle ère de de sa pensée, après la grande crise de sa vie intellectuelle ne se distinguent pas seulement des précédentes par le fond mais aussi par la forme. Ce ne sont plus que des suites d’aphorismes. Cédant à son aversion pour toute contrainte, aversion qui était l’essence même de son être, passant sa vie au grand air, et devenu incapable de s’astreindre à une occupation régulière, il méprisait tout travail méthodique.

Ceci est conté par Nietzche :

Le sage Zarathustra revenant parmi les hommes après de longues années de solitude méditative, les trouva endormis sur la fausse croyance qu’ils savaient depuis longtemps ce qui est le bien et ce qui est le mal.

Il les réveille de leur léthargie et leur apprend que personne ne le sait encore, sinon un créateur.

Or Frédéric Nietzsche est un de ces créateurs.

Il leur apprend aussi ce qu’est la vie : — Vivre, c’est le désir de la puissance.

Ce point de départ une fois admis — en opposition au Darwinisme et à sa formule rapetissante « the struggle for life », qui transforme cet instinct suprême de l’homme, le désir de la puissance, en l’instinct