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brun, aux yeux bleus, avec un costume de matelot, tout à fait idéal. Ça m’amuserait encore de jouer avec une poupée, et de la coiffer, et de l’habiller ; il y a des fois où je me sens encore tout à fait fillette !

Nous avons regardé différents objets pour offrir à Germaine, et notre choix s’est fixé sur une petite crédence japonaise, réellement idéale, tout incrustée d’ivoire imitant des chimères et des fleurs de lotus : je pense qu’elle sera tout à fait contente, cette chère Germaine ! Pour Marthe Benoît, j’ai pris un buvard en étoffe ancienne et peluche grenat, avec petit encrier en métal anglais, d’un goût charmant. Pour les demoiselles Turquet, mère était d’avis qu’on leur envoyât une boite de chocolats, mais j’ai pensé qu’un service à thé leur ferait un grand plaisir. Nous avons donc été à la Porcelaine, et nous avons trouvé un tel assortiment de ces services, que nous avons longtemps hésité entre un chinois, et un en porcelaine anglaise, d’une finesse extraordinaire : décidément, nous avons pris le chinois. Maman a regardé une robe pour Olympe : mais elle préfère la consulter d’abord sur la couleur. À cinq heures seulement, nous avions fini nos emplettes. Nous avons été goûter chez notre pâtissier habituel de l’avenue de l’Opéra, et j’ai décidé maman à faire quelques pas dans Paris, si agréable à cette heure-là. Les petites boutiques s’installent déjà et on n’avance que lentement sur les boulevards ; c’est égal, c’est joliment amusant tous ces gens affairés, avec des paquets dans les bras ; on sent bien qu’une grande fête approche, et que tout le monde en est très content. Moi, rien que de les voir, je riais toute seule : j’aurais bien désiré traverser aussi un de ces grands passages qui donnent sur les boulevards, mais maman n’a jamais voulu…


Du « Petit Tambour » :

à la préfecture

Les réceptions du Premier Janvier ont eu lieu hier matin à la Préfecture avec le cérémonial accoutumé.

M. le Préfet a reçu les autorités civiles à 9 heures, et, à 10 heures et demi, les autorités militaires.

Répondant au général Pommier, qui lui présentait les officiers de la garnison, M. le Préfet s’est exprimé en ces termes :

« Je vous remercie, mon Général, des sentiments que vous voulez bien exprimer au représentant du gouvernement de la République. C’est l’honneur de la République de pouvoir mettre sa confiance dans une armée vaillante et dévouée, comme c’est l’honneur de l’armée de savoir qu’elle peut compter sur la République respectée et forte ! Merci encore, mon cher Général, et merci. Messieurs ! »

Toute l’après-midi a été, comme d’habitude, consacrée aux visites de corps, et les habits noirs et les uniformes donnaient aux rues de La Marche une animation extraordinaire, malgré la pluie torrentielle qui n’a pas discontinué de tomber.

P. c. c.
Franc-Nohain