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Ces mains que tu lias aux tiennes à jamais,
Et les présents d’amour dédiés à tes charmes !
Si l’un de nous s’oublie à dire : « Je l’aimais »,
Qu’un regret en sourire apaise au moins ses larmes,

Et qu’il ne parle de l’absent que pour le plaindre !
Mais je t’aime, et te veux pareille à la beauté
Qu’au soir, près de la mer, je me plaisais à ceindre

De bruyère et de menthe odorante cueillies
Sur la plage où, tous deux, nous écoutions monter,
Dans l’ascension du soir, nos âmes recueillies.


BISCUIT DE SÈVRES

À madame C. Sohet.

On vous voit, en robe à paniers, avec la mouche
Comme un point posée au coin de la bouche.
Les cheveux poudrés montés en vaisseau...
L’orchestre babille un air de Rameau :

Vous avancez le bout du pied pour la pavane ;
Votre bras levé retombe en liane,
Laissant une fleur aux doigts du marquis.
Et c’est votre main que, déjà conquis.

Le roué regarde, étonné d’entendre
Chanter une voix qu’il n’écoutait plus.
Tandis qu’il voyage aux pays du Tendre,

Il manque le pas et, son air confus
Vous faisant sourire, il songe à se rendre
A votre beauté, malgré vos vertus.

REMERCIEMENT

A mesdemoiselles X. et Y., pour m’avoir convié, galamment, comme elles retenaient d’un marché, à monter dans leur voiture.

Reines du potager, vous m’êtes apparues.
Dans la fraîche senteur des choux et des radis,
Et parmi les paniers d’oignons et les laitues,
Plus royales cent fois qu’en leurs gestes raidis

Les princesses, sur les tombeaux, à Saint-Denis !
Maraîchères beautés, grâces vous soient rendues
De m’avoir enseigné l’escale au Paradis,
Pour aller à Sannois !... Qu’êtes-vous devenues,