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PETITE GAZETTE D’ART
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Reposons-nous en allant voir les fiers lions de Gardet, la Sortie du manège, de Frémiet, un groupe de chèvres, plein de vérité de Christophe et les petites plaquettes de Hingre qui sait si bien accommoder l’animal aux nécessités décoratives.

Et puis il y a encore de précieuses statuettes de Théodore Rivière, des masques en pâte de verre coloré de l’exquis Henry Gros, une charmante statuette d’Espagne de Laporte-Blairsy.

Charles Saunier


LA PEINTURE POLONAISE[1]


L’éclosion de la peinture polonaise date de la deuxième moitié du xixe siècle. Dans les époques antérieures on connaît des graveurs et peintres aux noms polonais, comme Falck et Chodowiecki, mais ou n’est pas certain qu’ils soient de nationalité polonaise, l’Allemagne se les attribuant. Ni dans les palais des magnats, ni dans les musées on n’a trouvé de traces d’un art national, et ce n’est que dans les temps derniers que commencèrent à s’intéresser à la peinture polonaise les princes d’Allemagne, tels Léopold, le prince-régent bavarois et Guillaume II. Aux expositions en Europe ont commencé à paraître, il y a quelques années seulement, les œuvres remarquables dues au pinceau de peintres polonais.

On ne peut comprendre, pourquoi dans un état cultivé comme l’ancienne Pologne, que l’Europe entière considérait comme le rempart de la civilisation, non seulement les arts ne fleurissaient point mais n’existaient pas. La Pologne n’a produit au temps de sa liberté aucune œuvre d’art. Ses magnifiques cathédrales de Cracovie, Gniezno et Varsovie ont été bâties par des étrangers ; même l’origine de Gui Stwosz, architecte de la cathédrale de Gracovie, est inconnue.

La cause de ce phénomène doit résider surtout dans la nature belliqueuse du peuple polonais dont les forces étaient absorbées par les guerres avec les Tartares, les Turcs ou la puissance moscovite. Pour ses besoins intellectuels la nation était obligée de s’abandonner aux couvents de Jésuites ou aux soins de l’Université de Cracovie, qui aux temps de l humanisme fleurissait comme celles de Bologne et Padoue, et même comme la Sorbonne à Paris, et attirait des foules de savants et étudiants étrangers. De cette école est sorti Copernic.

En Pologne, pays exclusivement nobiliaire, existait un grand besoin d’art, puisque l’aristocratie d’origine était tenue de décorer ses palais. Dans les châteaux royaux comme Wawel à Cracovie et Lazienki à Varsovie, après la chute de la Pologne ont été découverts tant de trésors d’art, qu’il fallut de longues années pour les transférer à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg ou au Musée impérial de Vienne.

  1. Galeries Georges Petit, 12, rue Godot-de-Mauroi, — du 1er avril au 20 mai 1900.