Page:La Revue blanche, t25, 1901.djvu/433

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a vu, et tout le monde peut voir en France ; des trusts locaux ; dans le Midi, il se rappelle le cas d’un chaufournier louant dans les environs tous les fours à chaux existants et les laissant intentionnellement éteints pour ne pas concurrencer ceux qu’il exploitait directement lui-même [1].

M. Georges Villain dénonçait naguère le comptoir des fontes de Longwy qui monopolise toutes les fontes françaises de l’Est :

Ce comptoir, irrite le monde des dénaturateurs de fonte, en réduisant les délais de crédit de 120 à 30 jours, abaissant l’escompte, refusant de garantir les livraisons, réduisant par conséquent le travail national [2].

Il n’y a pas longtemps on a vu se former le trust de l’industrie cotonnière. Les fabricants de la Normandie, imités ensuite par ceux des Vosges ont avisé au moyen de limiter leur production. Dans une réunion tenue au Lloyd-Rouennais, ils prirent les résolutions suivantes :

1° Restreindre la production des filateurs et s’entendre à cet égard, avec les régions de Basse Normandie, du Nord, de l’Aisne et des Vosges ;

2° Proposer dans ce but, un arrêt général le lundi de chaque semaine ;

3° Appliquer l’arrêt aux industriels possédant filature et tissage, aussi bien qu’aux filateurs, seuls, etc.

Le but est toujours le même : réduire la main-d’œuvre pour remédier au fléchissement des prix causé parla concurrence et la surproduction.

Nous avons parlé du trust de Longwy, nous devons citer d’autres coalitions patronales récentes : le Comptoir des aciers, le Comptoir des poutrelles, le Comptoir des tôles et larges plats et le Comptoir des ressorts de carrosserie qui ont tous leur siège social à Paris. Le premier comprend cinq grands établissements sidérurgiques ; le second est vendeur unique en France et à l’étranger des poutrelles à ailes ordinaires, etc. », provenant des vingt-deux principaux laminoirs de France ; le troisième, d’après l’Annuaire des Travaux publics, groupe huit usines métallurgiques ; le quatrième est formé par huit établissements.

Le but de ces coalitions est d’enrayer la baisse (c’est-à-dire de faire la hausse), de s’opposer à la hausse des salaires (c’est-à-dire de les réduire), de régulariser la production, c’est-à-dire de la limiter.

Ce qu’il y a de piquant, c’est que la grève patronale peut résulter parfois d’une entente entre bons patriotes français et allemands, italiens et belges. Ainsi au mois de mars 1900 il s’est formé un syndicat international de fabricants de glaces et de verres à vitres : il comprend des producteurs d’Allemagne, de France, d’Italie et de Belgique. Le syndicat peut fixer les prix à l’Angleterre. Dès le 1er avril la hausse se dessinait. En même temps la Belgique fermait certaines usines

Indépendamment de ces grèves patronales, indirectes en quelque

  1. Société d’Économie politique, 5 janvier 1900.
  2. Société d’Économie politique, séance du 5 mars 1900.

    Voir aussi le livre de M. G. Villain : Le fer, la houille et la métallurgie qui vient de paraître.