Page:La Revue blanche, t26, 1901.djvu/250

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et plus de trente-cinq mille portions payantes. Voici un tableau récapitulatif des sommes remises au Comité d’assistance de Botosani :

27 novembre 1900.
Cuisine et secours 
3 000
27         
Chaussures 
100
27         
À la Société de dames 
100
27         
Avances 
400
27         
Médicaments 
250
27         
Don à l’hôpital « Filantropia » 
1 000
8 décembre
Cuisine et secours 
2 500
8         
Don à l’hôpital israélite 
2 000
21         
Hanuer 
100
8 janvier 1901.
Cuisine, secours, bois 
3 000
8 février
Cuisine 
1 800
5 mars
Médicaments 
120
27   
Cuisine et loyers 
5 000
18 avril
2e  don à l’hôpital 
1 000
14 mai
Cuisine et secours divers 
5 700
   
Total 
26 070

Nous ne pouvons tout citer, faute d’espace. Tandis que ces parias sont victimes, non seulement de la crise économique, mais des lois, du boycottage, de l’exil, et du mépris de tous les cœurs charitables, en Roumanie, les professeurs excitent les étudiants antisémites, en parlant dans leurs leçons et dans leurs cours des « sangsues », des « vipères » et des « sans-patrie » de la race juive.

Il arrive quelquefois, mais rarement, que les prolétaires juifs songent à la révolte. On est même surpris que tous ces meurt-de-faim chargés de misère et de mépris, sans espoir de relèvement et voués uniquement à la charité de l’Alliance, ne cherchent pas dans la révolte individuelle ou collective une suprême satisfaction. Un soulèvement eut lieu dernièrement à Jassy : il fut calmé par les exhortations, les harangues et les secours de M. Astruc :

« Mais ce n’est là qu’un palliatif, dit ce correspondant, dans une lettre de Jassy, datée du 10 juin, le nombre des maisons construites cette année a été tout juste de cinq, quand le nombre des maçons et des menuisiers juifs dépasse 5 000. Le mot d’ordre semble ètre d’exclure 10 000 ouvriers israélites des ateliers ou des fabriques… ; des centaines de jeunes filles se vouent à la prostitution, parce qu’elles ne veulent pas mourir de faim ; une infinité de jeunes gens parlent d’abandonner la religion de leurs ancêtres afin de pouvoir se faire une existence. »

Une partie du prolétariat juif se tourne à présent du côté des socialistes, et même des anarchistes ! M. Drumont lui-même n’oserait les en blâmer [1]. C’est surtout à Jassy et en Moldavie qu’il y a beaucoup

  1. M. Drumont a été presque seul, dans la presse, à prendre la défense de la juive Goldmann, prétendue inspiratrice de Czolgosz.