Page:La Revue blanche, t26, 1901.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

3 à 4 000 cigariers juifs ; à Détroit 8 000 ouvriers juifs, tailleurs, cordonniers, cigariers, etc. À Saint-Louis ils sont tailleurs, polisseurs de vitres et savetiers. À Louisville, tailleurs et cigariers. Outre les exploités du « sweating system », il y a beaucoup d’ouvriers juifs casquettiers, charpentiers, menuisiers, graveurs, serruriers, couvreurs, casseurs de pierre, etc, etc. Dans certaines villes, par exemple à Elisabeth Port (fabrique des machines Singer), à Chicago, à Philadelphie, Portland et autres villes des États de Connecticut et Massachussets, le nombre des ouvriers juifs est quelquefois supérieur à celui des ouvriers des autres confessions  [1]. Il est à remarquer que tous ces chiffres sont inférieurs aux chiffres réels à cause de l’immigration incessante.

Les ouvriers juifs s’organisent contrairement au préjugé répandu en Angleterre. Les Reports donnent les listes des principales unions ouvrières juives de New York. Il y en a plus de 30. Plusieurs sont affiliées aux « United Hebrew Trades » qui forment une section du Socialistic Labour Party ».

Les ouvriers juifs charpentiers et menuisiers de New York, Chicago et Boston se sont unis à l’  « United Brotherhood of Carpenters and Joiners » qui compte environ 70 000 membres. D’autres se sont unis à la « Cigar Makers’  International Union » qui compte 30 000 membres environ.

G.-M. Prais donne la liste des journaux juifs qui se publient en jargon à New York : « Die Arbeiter-Zeitung », « Die Freie Arbeiter-Stimme », etc. ; il y en à une douzaine, sans compter ceux de Chicago, Philadelphie, Boston, etc.

En 1896, il s’est formé un nouveau parti ouvrier, aux États-Unis, auquel ont adhéré plus de 25000 ouvriers israélites. Son programme est socialiste-étatiste (rachat par l’État des industries soumises au monopole : des chemins de fer, télégraphes, etc., des mines, houillères, etc.)  [2]. M. Soloweischik déclare que beaucoup d’ouvriers juifs penchent vers l’anarchisme.

Nous avons déjà parlé du préjugé qui attribue aux Juifs une insurmontable répugnance pour les travaux agricoles, et nous avons cité des faits qui prouvent absolument le contraire. Voici de nouvelles preuves tirées de l’Amérique.

Des colonies agricoles juives furent fondées, au moment du grand exode de 1881, au sud de l’État de Dakota (Crémieux, Bees Lechem) et au nord (Painted Wood), à Kansas (Montefiore, Lasker, Beer Cheva), dans l’État d’Arkansas, en Louisiane.

Il est à remarquer que parmi les émigrants, outre la masse pauvre, se trouvèrent des étudiants, des élèves des universités et des lycées qui avaient quitté la Russie pour devenir agriculteurs. Ces nouveaux colons,

  1. Reports to the Booard of Trade on Alien Immigration — 1893, Voir aussi Frais.
  2. Soziale’Praxis, Centralblatt für Sozialpolitik, 1897.