Page:La Revue blanche, t27, 1902.djvu/267

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gagnent 50 pfennigs (0 fr. 62 ½} par pièce. L’entrepreneur a reçu du patron qui lui a fait la commande 1 mark 60 (2 francs) pour chaque pièce terminée. Il en résulte que, en six jours de travail (une semaine), quinze ouvrières à façon livrent 180 pièces à 40 pfennigs = 72 marks, soit 90 francs.

Quinze ouvrières garnissent et terminent ces façons ; elles gagnent par pièce 50 pfennigs (6 fr. 25) = 90 marks, soit 112 fr. 50.

Le rabatteur gagne par semaine 21 marks, soit 26 fr. 25.

Ainsi l’entrepreneur paie par semaine :

.

Il reçoit du patron, pour ces 180 pièces, à 1 mark 60 (2 francs) par pièce, 288 marks, soit 360 francs, son profit s’élève donc à 360 — 228,75 = 131,26 par semaine.

D’après le calcul le plus exact, il reste généralement aux entrepreneurs un bénéfice de 21 % [1].

Les ouvriers qui travaillent dans l’atelier de l’entrepreneur, pour la confection d’habits et de paletots, y sont souvent logés et nourris et payés à la semaine.

Un procès parfois révèle des choses sinistres. Le 3 mars 1894, une couturière intentait une action devant le conseil des prud’hommes, contre un entrepreneur qui lui avait retenu injustement le salaire dû pour la confection de cinq costumes de garçons. L’objet du litige s’élevait à 1 mark 25 (1 fr. 25) au total.

Un entrepreneur gagnant de 25 à 40 pfennigs (0 fr. 3125 à 0 fr. 50) pour un costume de garçon donne de 15 à 20 pfennigs (0 fr. 18 à 0 fr. 25) aux ouvrières travaillant à l’atelier, et de 20 à 25 pfennigs (0 fr. 25 à 0 fr. 3125) à celles qui travaillent à domicile ; et s’il gagne 70 à 90 pfennigs (0 fr. 875 à 1 fr. 125) pour la confection de pantalons, il donne à ses ouvrières de l’atelier de 30 à 35 pfennigs (0 fr. 375 à 0 fr. 4375), et de 35 à 40 pfennigs (0 fr. 4375 à 0 fr. 50) à celles qui travaillent à domicile.

Une ouvrière habile fait, dans une journée de 15 heures, 5 pantalons à 20 pfennigs (0 fr. 25). Sur ce salaire, l’ouvrière à l’atelier est obligée d’acheter le fil à coudre (pour un pantalon, 0 fr. 03125 à 0 fr. 0375) et l’ouvrière à domicile a encore à payer, en sus, le fil de la machine.

La situation la plus misérable est celle des ouvriers et ouvrières qui travaillent dans la confection des manteaux, si florissante à Berlin. Le salaire normal d’une ouvrière habile varie de 8 à 10 marks (10 à 12 fr. 50) par semaine : il faut compter de 5 à 6 marks (6 fr. 25 à 7 fr. 50) pour une ouvrière ordinaire et, pour une débutante, de 2 à 3 marks (2 fr. 50 à 3 fr. 75 par semaine.

  1. Drüksachen der Commission für Arbeiterstatistik Verhandlung n° 10. Protokoll über die Verhandlung der Commission für Arbeiterstatistik von 14-17 und 20-21 April 1896, und die Vernehmung von Auskunftspersonen über die Verhandlungen in der Kleider-Konfection ; Berlin, C. Heymann, 1896. — Travaux de la Commission de statistique ouvrière, etc., avec les dépositions de gens du métier sur les conditions de l’industrie de la confection.