Page:La Revue blanche, t28, 1902.djvu/629

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III. État civil et situation pécuniaire des ouvriers observés

La plupart sont mariés et avaient, lors de l’enquête, au total, 1 090 enfants, dont 88,2 %, presque les 9/10, entièrement à charge aux parents.

Quant aux salaires hebdomadaires de cette catégorie de travailleurs, ils ressortent en moyenne (sous la réserve indiquée au début du présent compte rendu), à :

5 fr. 25 pour 3,9 % des personnes envisagées.
10 fr. 50 19,5
21 fr. 00 82,1
31 fr. 50 23,5
42 fr. 00 12,1
52 fr. 50 5,2

et à plus de 52 fr. 50 pour 3,7 % des personnes envisagées.

Il se trouva, au surplus, 9 ouvriers et ouvrières à domicile, gagnant moins de 5 fr. 25 par semaine ; par exemple : 3 fr. 85, 3 fr. 45, 3 fr. 15, 2 fr. 85 et même, dans un seul cas, 1 fr. 70. À remarquer, à la vérité, que la lingerie, surtout, est entreprise par beaucoup d’ouvrières à titre de gagne-pain complémentaire.

D’ailleurs, auprès de ces taux infimes, il en est de plus élevés, qui dépassent grandement 52 fr. 50 ; par exemple : de 63 francs à 105 francs, et même 147 francs (maximum). Ajoutons enfin, pour permettre de se former une idée le plus exacte possible de la situation matérielle desdits ouvriers, qu’un bon nombre (128 sur 409) parviennent à augmenter leurs gains en habitant avec des parents qui les aident plus ou moins au produit de leur travail, ou encore en prenant des pensionnaires étrangers [1].

Immoralité du travail. — On connaît les lieux — communs des moralistes à l’endroit du travail : le travail, « c’est la liberté » ; le travail, « c’est la moralité. » ; le travail, « c’est la dignité », « l’indépendance », « le relèvement ». Or, l’observation et l’étude nous montrent que le travail du salarié au xixe et au xxe siècle est précisément le contraire de tout cela.

Les dames patronnesses des Cercles catholiques d’ouvriers (qui pensaient comme tout le monde sur ce point) ont dû modifier leur opinion après la très instructive enquête sur l’ouvrière qu’elles firent en 1888.

Après avoir examiné attentivement, les salaires, la durée du travail quotidien, le chômage, etc.} voici ce que disent les dames patronnesses des Cercles catholiques :

Les porteuses de pain. — La femme ne peut remplir ni ses devoirs de mère, de famille, ni ses devoirs religieux ; elle est considérée comme

  1. Extrait des Wohnungs-und Gesundheits — Verhaltnisse der Heimer — beiter in der Kleider — u. Wascheconfection. Service de la statistique du travail ; Ministère du commerce, Vienne, 1901.