Page:La Revue blanche, t30, 1903.djvu/440

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expériences de MM. Atwater et Benedict ne sauraient nous renseigner à ce sujet. Ils ont attaqué le problème dans le cas où il est le plus compliqué ; ils ont expérimenté (je cite Duclaux) : « sur un homme en bonne santé, adulte, en équilibre, c’est-à-dire tel que son poids n’augmente et ne diminue pas. » Ils ont d’ailleurs employé l’alcool en même temps que des rations alimentaires qui pouvaient suffire à la nutrition.

C’est toujours la vieille erreur qui veut que l’animal soit une machine à fournir du travail en dépensant du combustible ; on oublie trop souvent que cette machine se construit et se répare d’elle-même et que c’est là précisément le phénomène important, le phénomène biologique. C’est pendant la période de croissance que l’on peut juger de la valeur alimentaire d’une substance ; il aurait fallu élever en même temps deux jumeaux, pendant des années, avec le même régime alimentaire, additionné d’alcool chez l’un d’eux seulement, et voir si l’alcool favorise la pousse. Mais je doute que des parents soumettent volontiers leurs enfants à une telle expérience. Dans mon pays on fait boire de l’alcool aux petits chiens pour les empêcher de grandir : mais on le leur donne en grande quantité et les chiens ne sont pas des hommes.

Félix Le Dantec