Page:La Revue blanche, t8, 1895.djvu/117

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À sa femme

12 juin 1846.

Mon cher cœur – Ma chère Virginie – Notre mère vous expliquera pourquoi je reste loin de vous ce soir. J’espère que de l’entrevue promise résultera grand bien pour moi – pour vous, chère, et les vôtres – Maintenez votre cœur en belles dispositions, et sachez avoir confiance encore un peu. Lors de mon dernier grand désappointement j’aurais perdu courage si ce n’avait été de vous – ma chère petite femme. Vous êtes mon plus grand, mon seul stimulant aujourd’hui dans ma bataille avec cette incompatible, insupportable et ingrate vie.

Je serai avec vous demain, et soyez assurée jusqu’à ce que je vous voie que je garderai en tendre souvenir vos derniers mots, et votre fervente prière ! Dormez bien, et puisse Dieu vous accorder un paisible été avec votre dévoué

Edgar.



À Mme  Shew

Fordham, 29 Janvier 47

Chère – très chère amie – Ma pauvre Virginie vit encore, mais elle décline vite et ses souffrances sont extrêmes. Puisse Dieu lui accorder vie jusqu’à ce qu’elle vous voie et vous remercie une fois encore. Son sein est plein à déborder – comme le mien – d’une infinie – inexprimable gratitude pour vous. De peur de ne vous voir jamais plus – elle me prie de dire qu’elle vous envoie ses plus doux baisers d’amitié et qu’elle mourra en vous bénissant. Mais venez – oh ! venez demain ! Oui, je veux être calme ! – et tel que vous désirez si noblement me voir. Ma mère vous envoie aussi ses amitiés et remerciements les plus chauds. Elle me prie de vous engager à prendre, si possible, vos mesures en vue de passer avec nous la nuit de demain. Ci-joint le mandat sur la poste

Le ciel vous bénisse. Adieu.

Edgar A. Poe.



À M. *

4 janvier 1848.

… Vous dites, « Pouvez-vous me laisser entrevoir quel était le terrible mal qui causa les « irrégularités » si profondément regrettées. » Oui, je peux faire plus que vous laisser entrevoir. Ce « mal » était le plus grand qui puisse accabler