Page:La Revue blanche, t8, 1895.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jouait aussi prodigieusement de la syntaxe. Je me vante de connaître les procédés de nos jeunes chefs. Je connais les miens jusqu’à l’écœurement. Ceux de Paul Hervieu m’échappent. Non, je ne sais pas comment c’est fait. Il m’irrite même parfois, si je l’admire toujours, et, incapable de lui dérober son secret, je me venge, suivant mes habitudes réalistes, par l’image de mauvais goût que voici :

Vous vous rappelez que lisant une étude de M. Ferdinand Brunetière sur Pascal, il m’arriva de jeter le livre et de m’écrier :

— C’est plein d’escargots en caoutchouc !

Les yeux au parquet, chère amie, vous cherchiez le sens de mes paroles. Elles n’en ont guère. Mais, puisque M. Paul Hervieu qui n’est l’élève de personne s’honore d’être l’ami de M. Brunetière, il me plait de pousser à l’absurde mon image choquante :

Cette phrase de l’Armature lue et relue :

La comtesse de Grommelain ne s’était jamais gênée dans ce que l’on peut faire entendre de compromettant à une fille de service, par le ton des recommandations et des menaces, en la chargeant exclusivement de son courrier à l’arrivée et au départ

et cette autre :

Roger répugnait à se prononcer sur tout ce qu’une femme est capable de se permettre, et qu’il leur est donc présomptueux de professer contradictoirement avec les femmes elles-mêmes

et ces petits bouts d’autres :

un observateur perspicaceun amer rictus où se tordaientle jour régnaitl’émotion régnait

je me permets de regretter qu’un des escargots de Ferdinand Brunetière passe de temps en temps chez Paul Hervieu.