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LA REVUE DU MOIS

assez confusément, une sorte de chevelure autour de la planète et des anses.

En 1634, Gassendi voit simplement pour Saturne une ovale très aplatie ; en 1636 il dit :

Je ne vis plus les deux petits globes adjoints au globe central, mais deux anses limitées par des taches et qui semblaient être détachées de la planète. Le tout avait la forme d’un ovale peu allongé, de sorte que le noyau central était à peine supérieur au tiers de la longueur totale, mais il était plus brillant et d’un blanc plus éclatant que les anses.

Fig. 3.
Saturne par Gassendi, le 20 novembre 1636.

Les observations de Gassendi sont d’une exactitude remarquable, analogues à celles d’Hévélius et Riccioli, mais plus précises encore et, tout en s’approchant beaucoup de la réalité, il n’a pas, cependant, soupçonne la vraie nature de l’anneau. Puis il voit les apparences se modifier et, en 1638, il perçoit son ovale très aplatie percée de deux trous ronds. Puis vient la stupeur profonde en 1642 :

… Je vis une chose inattendue : la planète était sans anses ; je ne l’avais pas encore vue ainsi. Je ne saurais dire depuis quelle époque il en était ainsi, parce que, et je le répète amèrement je n’ai pas observé assez souvent cette planète et que voilà trente-deux mois que je n’ai rien noté.

Je me rappelle pourtant que l’excellent Mersenne, qui m’avait demandé ma lunette, me dit, en me la rendant, qu’il n’avait pas pu voir les anses de Saturne. Persuadé que c’était à cause de la faiblesse de sa vue, je ne vérifiai pas moi-même s’il en était ainsi ou non.

Je fis aussitôt part de ma découverte à mes amis Bullialdus et Valesius, et à d’autres… il faudra y faire attention dans la suite… en vérité, elle (Saturne) paraissait tantôt tétragonale, tantôt pentagonale, mais avec les côtés arqués et les angles émoussés…