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portables dans l’exposition que vous pourrez voir en sortant de cette salle et pour laquelle la Manufacture de Sèvres a envoyé quelques-unes des plus belles pièces fabriquées sous sa direction. J’y ai joint des cahiers d’expériences qu’il tenait lui-même et où s’accumulaient les chiffres de son écriture admirablement nette.

Il eut, en outre, à sa disposition, lors de ses expériences sur la vitesse du son, le champ de tir de Satory, puis les grandes canalisations des égouts de Paris. Un souvenir de ce temps, que me rappelait M. Granger, peint bien la passion avec laquelle il expérimentait : une chute accidentelle dans l’égout l’avait mouillé des pieds à la tête et couvert de boue ; malgré les efforts de ses assistants qui voulaient le contraindre à retourner chez lui, il finit sa journée et remplit le programme qu’il s’était imposé.

Comme il le fit en cette circonstance pour sa tâche quotidienne, Regnault sut mener à bonne fin l’œuvre gigantesque à laquelle il avait consacré sa vie. Les résultats sont consignés dans trois gros volumes de mille pages chacun des Mémoires de l’Académie et publiés sous ce titre : « Relation des expériences entreprises par ordre de S. E. M. le Ministre des Travaux Publics et sur la demande de la commission centrale des machines à vapeur pour déterminer les lois et les données physiques nécessaires au calcul des machines à feu. »

Il y définit lui-même la manière dont il comprit la question posée ; il dit dans l’introduction au deuxième volume (1862) :

Le problème général que je me suis proposé de résoudre par ces longues recherches, commencées en 1840 et dont la première partie a été publiée en 1847, peut s’énoncer ainsi :
xxxx Une certaine quantité de chaleur étant donnée, quel est le travail moteur que l’on peut obtenir en l’appliquant au développement et à la dilatation des fluides élastiques, dans les diverses circonstances pratiquement réalisables.

La question avait donc deux faces : la détermination du travail moteur que pouvait produire un fluide élastique comme la vapeur d’eau, par l’intermédiaire de sa pression maxima, et celle de la chaleur qu’il emprunte à la source par l’intermédiaire de sa chaleur latente de vaporisation.

La mesure des pressions maxima, variables avec la tempéra-