Page:La Revue du mois, année 6, numéros 61-66, 1911.djvu/141

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ture, exigeait que l’on sût, avec précision, mesurer des pressions et des températures. Regnault s’aperçut vite que tout était à reprendre même en ce qui concernait ces moyens nécessaires.

La mesure des températures se trouvant basée sur les dilatations, il fut conduit, dans un admirable ensemble de travaux, l’étude de la dilatation et de la compressibilité des gaz, des liquides et des solides, à comparer, de manière définitive, les indications des divers thermomètres, et à fixer son choix, sans appel depuis, sur le thermomètre à gaz. À un seul procédé de mesure, celui du couple thermo-électrique, l’insuffisance de sa documentation en électricité ne lui permit pas d’attacher l’importance qu’il avait réellement. Et l’autorité qui s’attachait à son nom était telle que pendant longtemps personne ne songea à revenir sur l’arrêt qu’il avait prononcé. Vers 1880 seulement les travaux de Barus et de Le Chatelier surent mettre à leur place les procédés électriques de mesure des températures.

La mesure des pressions, grâce à l’étude approfondie qu’il fit du manomètre à mercure, fut portée par lui à un degré de précision qui n’a guère été surpassé : la vieille tour qui existe encore au Collège de France est fameuse pour avoir porté son grand manomètre de trente mètres de haut.

Il fut alors en mesure de mener à bien la première partie de son œuvre, la détermination des pressions maxima qu’il étendit pour l’eau depuis un demi-millième d’atmosphère à 32° au-dessous de zéro jusqu’à 27 atmosphères à 230° au-dessus. Il fit ensuite porter ses mesures sur trente substances différentes qu’il jugeait plus ou moins susceptibles de remplacer l’eau dans la production du travail moteur.

Le calcul du travail produit, à une température donnée, par une quantité donnée de fluide, exigeait qu’on connût, outre sa pression, la densité de la vapeur du fluide. D’où le beau travail dont j’ai parlé plus haut à titre d’exemple, sur la détermination, en valeurs relatives et absolues, des densités des vapeurs et des gaz.

La mesure des quantités de chaleur absorbées par le fluide pendant sa vaporisation ou pendant sa détente fut la seconde partie du travail de Regnault : les valeurs qu’il a données pour les chaleurs spécifiques des solides, des liquides, des gaz et des vapeurs, pour les chaleurs latentes de vaporisation conservent aujourd’hui le même crédit qu’au premier jour.