Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/65

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qui me semble une entreprise passablement hardie[1]. » — « Tu as été soutenu dans cette affaire par Egil, ton père, » objecta Gunnlaug ; « du reste, le refus de m’accepter dans sa famille entraînerait pour maint habitant de bien fâcheuses conséquences. » Thorstein répondit : « Profère tes menaces là-haut sur les montagnes ; ici, dans le pays des marécages, elles ne te serviront à rien. »

Vers le soir ils arrivèrent chez eux. Le lendemain matin, Gunnlaug se rendit à Gilsbakki et demanda à son père de l’accompagner à Borg pour demander Helga en mariage. Illugi répondit : « Tu es un homme irrésolu ; tu es prêt à quitter le pays et maintenant tu te comportes comme si tu voulais te marier ; d’ailleurs, je sais que ton projet n’est pas du goût de Thorstein. » — « Néanmoins, » dit Gunnlaug, « je tiens absolument à ce voyage et je verrais avec regret que tu refuserais d’aller avec moi. »

Là-dessus, Illugi se rendit avec onze hommes à Borg où il fut très bien reçu par Thorstein. Le lendemain matin, Illugi dit à Thorstein : « Je voudrais avoir un entretien avec toi, et Gunnlaug de même. » Thorstein répondit : « Allons sur la colline et parlons là. » Ainsi fut fait. Alors Illugi reprit : « Gunnlaug, mon fils, m’a dit que de son propre chef il avait sollicité de toi la main de ta fille Helga ; maintenant je voudrais savoir ce qu’il en sera de ce projet. Tu connais sa famille et sa fortune ; je prendrai soin que rien ne lui manque en fait de propriété territoriale et de prestige parmi les hommes, si cela

  1. Allusion à un procès qui eut pour origine une querelle de voisinage. Steinar avait laissé paître son bétail pendant l’été sur les terres de Thorstein. Egil, choisi comme arbitre par Önund, donna tort à Steinar qui dut abandonner sa propriété.