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Page:La Saga du scalde Egil Skallagrimsson, trad. Wagner, 1925.djvu/104

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Skallagrim et Egil rendent visite à Yngvar.
Premiers vers d’Egil.

En ce printemps Yngvar arriva à Borg dans l’intention d’inviter Skallagrim à venir le voir chez lui et désigna notamment, pour prendre part au voyage, sa fille Bera et Thorolf, le fils de celle-ci, sans parler des autres personnes qu’il plairait à Skallagrim d’amener. Skallagrim promit de s’y rendre. Ensuite Yngvar retourna chez lui, apprêta un festin et fit brasser de la bière. Lorsque le jour fut venu où Skallagrim allait se rendre à l’invitation avec Bera, Thorolf et des serviteurs se disposèrent à se joindre à eux, de sorte qu’ils furent quinze en tout. Egil insista auprès de son père, disant qu’il voulait y aller aussi. « J’ai les mêmes droits que Thorolf d’aller voir la famille, » dit-il. « Tu n’iras pas avec nous, » répondit Skallagrim, « car tu ne t’entends pas à fréquenter la société nombreuse où l’on boit abondamment, toi qui n’es pas de rapports faciles, même quand tu n’as pas bu. »

Là-dessus Skallagrim monta à cheval et partit. Mais Egil était mécontent de son sort. Il sortit de l’enclos, saisit un cheval de charge appartenant à son père, monta dessus et suivit les autres. Il eut des difficultés au passage des marécages, parce qu’il ne connaissait pas le chemin ; mais il observa constamment la direction suivie par la troupe de Skallagrim, lorsque les broussailles ou les bois ne lui barraient pas la vue. Concernant son voyage, il faut dire qu’il arriva à Alptanes tard dans la soirée, alors que les convives y étaient attablés au festin. Il entra dans la salle. Yngvar, en le voyant, l’accueillit avec bienveillance et lui demanda pourquoi il était venu si tard. Egil raconta l’entretien qu’il avait eu avec Skallagrim. Yngvar plaça Egil à ses côtés ; ainsi ils étaient assis vis-à-vis de Skallagrim et de Thorolf. On se divertissait précisément, tout en buvant, à réciter des poésies. Alors Egil dit cette strophe :

Téméraire je suis venu
Dans la maison d’Yngvar,
Qui donne de l’or aux hommes.
Je brûlais du désir de le voir.