Aller au contenu

Page:La Saga du scalde Egil Skallagrimsson, trad. Wagner, 1925.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 103 —

mérité d’être tué ; cependant Egil montre ce grand défaut de famille de ne pas assez se mettre en garde contre le courroux du roi. Pour bien des gens cette attitude sera pénible à supporter. Toutefois je tâcherai de ménager une réconciliation entre lui et le roi. »

Thorir alla trouver le roi. Arinbjörn restait chez lui, disant qu’un seul et même sort devait les atteindre tous. Arrivé en présence du roi, Thorir lui offrit de pouvoir se déclarer solidaire pour Egil et réclama la sentence royale. Eirik était très irrité et il était difficile d’arriver à un arrangement. Le roi prit la parole pour constater que les faits justifiaient l’avis de son père, à savoir qu’il se passerait du temps avant que l’on pût avoir confiance dans les gens de cette famille, et pria Thorir de ménager une entente. « Si même je consens à une réconciliation, je désire qu’Egil ne séjourne pas longtemps dans mon royaume ; par déférence pour toi, Thorir, j’accepte une compensation pour le meurtre de mes hommes. » Le roi fixa l’amende qui lui paraissait juste ; Thorir paya tout et rentra chez lui.

46.

Expédition d’Egil et de Thorolf en Courlande.

Thorolf et Egil jouissaient auprès de Thorir d’une bienveillante hospitalité. Au printemps ils aménagèrent un vaste « long bateau », y placèrent des hommes et en été partirent pour les pays de l’Est. Ils pillèrent, amassèrent du butin et livrèrent de nombreux combats. Ils s’avancèrent aussi jusqu’en Courlande[1], conclurent avec les gens du pays une trêve d’un demi-mois pour s’adonner au trafic. À l’expiration du délai, ils se mirent à piller et visitèrent différents endroits. Un jour ils abordèrent dans une large embouchure de rivière où l’on voyait de grandes forêts. Ils résolurent de s’aventurer à terre et répartirent leurs hommes par groupes de douze. Pénétrant dans la

  1. Région s’étendant sur la Lettonie et la Lithuanie actuelles, depuis la frontière prussienne jusqu’au golfe de Riga.