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Page:La Saga du scalde Egil Skallagrimsson, trad. Wagner, 1925.djvu/254

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Et un tempérament tel
Que je puis changer
Les esprits intrigants
En francs ennemis.

XXV.Je suis d’humeur sombre.
La proche parente
De l’ennemi d’Odin[1]
Se dresse sur le promontoire[2].
Néanmoins je veux
Attendre Hel,
Joyeux, sans mauvais vouloir
Et sans regrets[3].

Les forces d’Egil s’accrurent à mesure qu’il avançait dans l’élaboration du poème. Quand il l’eut terminé, il en donna connaissance à Asgerd, à Thorgerd et aux personnes de sa maison. Il se leva ensuite de son lit et prit place sur le haut-siège. Il appela ce poème Sonatorrek[4]. Là-dessus, il fit, selon l’antique coutume, célébrer les funérailles de son fils, et lorsque Thorgerd retourna chez elle, Egil lui donna un pas de conduite et lui remit des présents.

Egil vécut de longues années encore à Borg et atteignit un âge avancé. On ne dit pas s’il a eu des contestations judiciaires avec les habitants du pays ; on ne parle pas non plus de duels ou de combats qu’il aurait soutenus depuis le jour où il s’était fixé en Islande. On prétend qu’il ne quitta plus l’Islande après les événements qui viennent d’être relatés. La principale raison en était qu’il ne pouvait plus séjourner en Norvège par suite des différends qui existaient entre lui et le roi, et dont il a été question plus haut. Il menait un brillant train de maison, car l’argent ne lui manquait point. C’était, du reste, bien conforme à son tempérament.

  1. La proche parente, ou plus exactement la sœur de l’ennemi d’Odin (c’est-à-dire du loup Fenrir), c’est Hel, la déesse qui trône dans le royaume des enfers.
  2. Hel qui apparaît sur le promontoire de Digranes, où se trouve la sépulture de Bödvar, c’est la mort qui semble attendre Egil.
  3. C’est-à-dire je veux attendre une mort naturelle.
  4. Ce mot signifie « perte irréparable des fils ».