Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1322

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4Les Chaldéens répondirent au roi en langue araméenne[1] : “O roi, vis éternellement ! Dis le songe à tes serviteurs, et nous en ferons connaître la signification.” 5Le roi répondit aux Chaldéens, en disant : “C’est chose arrêtée par moi. Si vous ne me faites savoir le songe et sa signification, vous serez coupés en morceaux et vos maisons seront réduites en cloaques. 6Mais si vous me faites connaître le songe et sa signification[2], vous recevrez de moi des dons et des présents, et de grands honneurs ; ainsi faites-moi connaître le songe et sa signification.” 7Ils répondirent pour la deuxième fois en disant : “Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous en ferons connaître la signification.” 8Le roi répondit et dit : “En vérité, je sais que vous cherchez à gagner du temps, parce que vous voyez que c’est chose arrêtée par moi. 9Puisque vous ne me faites pas savoir le songe, c’est que vous n’avez qu’une pensée, celle de concerter un discours mensonger et trompeur, pour le tenir devant moi, en attendant que les temps soient changés ; ainsi, dites-moi le songe et je saurai que vous pourrez m’en faire connaître la véritable signification.”[3] 10Les Chaldéens répondirent devant le roi en disant : “Il n’y a pas d’homme sur la terre qui puisse faire connaître ce que le roi demande[4]. Aussi jamais roi, si grand et si puissant qu’il ait été, n’a demandé pareille chose d’aucun lettré, astrologue ou Chaldéen. 11La chose que le roi demande est difficile, et il n’y a personne qui puisse la faire connaître devant le roi, hormis les dieux dont la demeure n’est pas parmi les mortels[5].”

12Là-dessus le roi se mit en colère et en grande fureur, et il donna l’ordre de mettre à mort tous les sages de Babylone. 13La sentence ayant été publiée, les sages étaient mis à mort, et on cherchait Daniel et ses compagnons pour les tuer. 14Alors Daniel fit une réponse prudente et sensée à Arioch, chef des gardes du roi, qui était sorti pour mettre à mort les sages de Babylone. 15Il prit la parole et dit à Arioch, commandant du roi : “Pourquoi cette sentence sévère de la part du roi ?” Et Arioch exposa la chose à Daniel. 16Alors Daniel entra dans le palais et pria le roi de lui accorder un délai afin de faire connaître au roi la signification. 17Aussitôt Daniel alla dans sa maison et informa de l’affaire Ananias, Misaël et Azarias, ses compagnons, 18les engageant à implorer la miséricorde du Dieu du ciel sur ce mystère, pour qu’on ne fit point périr Daniel et ses compagnons avec le reste des sages de Babylone.

19Alors le secret fut révélé à Daniel dans une vision pendant la nuit, et Daniel bénit le Dieu du ciel. 20Daniel prit la parole et dit : “Béni soit le nom de Dieu, d’éternité en éternité, car à lui appartiennent la sagesse et la force. 21C’est lui qui change les moments et les temps, qui renverse les rois et qui élève les rois, qui donne la sagesse aux sages et le savoir aux intelligents. 22C’est lui qui révèle les choses profondes et cachées, qui sait ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure avec lui. 23C’est vous, Dieu de mes pères, que je célèbre et que je loue de ce que vous m’avez donné la sagesse et la force, et de ce que maintenant vous m’avez fait savoir ce que nous vous avons demandé, en nous faisant savoir l’affaire du roi.”

24C’est pourquoi Daniel se rendit auprès d’Arioch, que le roi avait chargé de mettre à mort les sages de Babylone ; il alla et lui parla ainsi : “Ne fais pas périr les sages de Babylone ; introduis-moi devant le roi, et je ferai connaître au roi la signification.” 25Arioch s’empressa de faire entrer Daniel devant le roi et lui parla ainsi : “J’ai trouvé parmi les captifs de Juda un homme qui fera savoir au roi la signification.” 26Le roi prit la parole et dit à Daniel, qui s’appelait Baltassar : “Es-tu capable de me faire savoir le songe que j’ai eu et sa signification ?” 27Daniel répondit en présence du roi et dit : “Le secret que le roi demande, ni sages, ni magiciens, ni lettrés, ni astrologues ne sont capables de le faire connaître au roi. 28Mais il y a un Dieu dans le ciel qui révèle les secrets et qui a fait savoir au roi Nabuchodonosor ce qui doit arriver à la fin des jours. Ton songe et les visions de ton esprit[6] que tu as eues sur ta couche, les voici :

  1. 4. La langue araméenne, ou syriaque (hébr. ’aramith), parlée en Syrie et répandue dans toute l’Asie occidentale, différait de la langue assyro-babylonienne en usage à Babylone. Mais les sages de la cour devaient la connaître, et ils auraient pu, pour une raison que nous ignorons, s’adresser au roi en araméen. Toutefois il n’est guère vraisemblable qu’ils l’aient fait ; et comme c’est précisément après les mots, en langue araméenne, que le récit passe de la langue hébraïque au dialecte araméen (jusqu’à la fin du chap, vii), la plupart des interprètes regardent ces mots comme une note de copiste avertissant le lecteur de ce brusque changement d’idiome.
  2. 6. Si vous me faites connaître, litt., si tous me montrez, et de même en nombre d’autres endroits.
  3. 9. C’est que vous n’avez qu’une pensée. D’autre, une même sentence sera la vôtre, vous frappera tous.
  4. 10. Ce que le roi demande ; litt., la chose du roi.
  5. 11. Parmi les mortels, litt., avec la chair.
  6. 28. De ton esprit ; litt., de ta tête.