Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1480

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

13Etant monté ensuite sur la montagne[1], il appela ceux que lui-même voulut ; et ils vinrent à lui. 14Il en établit douze pour les avoir avec lui et pour les envoyer prêcher, 15avec le pouvoir de guérir les maladies et de chasser les démons. 16À Simon il donna le surnom de Pierre ; 17puis il choisit Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le surnom de Boanergès, c’est-à-dire, fils du tonnerre ; 18André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Thaddée, Simon le Zélé, 19et Judas Iscariote, qui le trahit.

20Ils revinrent à la maison, et la foule s’y assembla de nouveau, de sorte qu’ils ne pouvaient pas même prendre leur repas. 21Ce que ses parents ayant appris, ils vinrent pour se saisir de lui, car ils disaient : “Il est hors de sens.” 22Mais les Scribes, qui étaient venus de Jérusalem, disaient : “Il est possédé de Béelzébub ; et c’est par le prince des démons qu’il chasse les démons.” 23Jésus les appela et leur dit en parabole : “Comment Satan peut-il chasser Satan ? 24Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne saurait subsister ; 25et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne saurait subsister. 26Si donc Satan s’élève contre lui-même, il est divisé, il ne pourra subsister, et sa puissance touche à sa fin. 27Nul ne peut entrer dans la maison du fort et enlever ses meubles, si auparavant il ne l’enchaîne ; et alors il pillera sa maison. 28En vérité, je vous le dis, tous les péchés seront remis aux enfants des hommes, même les blasphèmes qu’ils auront proférés. 29Mais celui qui aura blasphémé contre l’Esprit-Saint n’obtiendra jamais de pardon ; il est coupable d’un péché éternel.” 30Jésus parla ainsi, parce qu’ils disaient : “Il est possédé d’un esprit impur.”

31Sa mère et ses frères étant venus, ils se tinrent dehors et l’envoyèrent appeler[2]. 32Or le peuple était assis autour de lui, et on lui dit : “Votre mère et vos frères sont là dehors, qui vous cherchent.” 33Il répondit : “Qui est ma mère et qui sont mes frères ?” 34Puis, promenant ses regards sur ceux qui étaient assis autour de lui : “Voici, dit-il, ma mère et mes frères. 35Car quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur et ma mère.”



4. Chap. iv. 1-34 : Les Paraboles — Occasion (1-2). Parabole du semeur (3-9). Pourquoi Jésus parle en paraboles (10-12). Explication au semeur (13-25). Parabole de la semence qui croît insensiblement (26-29). Le grain de sénevé (30-32). Conclusion (33-34).

Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer. Une si grande foule s’assembla auprès de lui, qu’il monta et s’assit dans la barque, sur la mer, et toute la foule était à terre le long du rivage[3]. 2Et il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles, et il leur disait dans son enseignement :

3“Écoutez. — Le semeur sortit pour semer. 4Et comme il semait, des grains tombèrent le long du chemin, et les oiseaux vinrent et les mangèrent. 5D’autres tombèrent sur un sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils levèrent aussitôt, parce que la terre était peu profonde. 6Mais le soleil s’étant levé, la plante, frappée de ses feux et n’ayant point de racine, sécha. 7D’autres grains tombèrent parmi les épines ; et les épines montèrent et les étouffèrent, et il ne donnèrent point de fruit. 8D’autres tombèrent dans la bonne terre ; montant et croissant, ils donnèrent leur fruit et rapportèrent l’un trente pour un, l’autre soixante et l’autre cent.” 9Et il ajouta : “Que celui qui a des oreilles, entende bien”[4]

10Lorsqu’il se trouva seul, ceux qui l’entouraient, avec les Douze, l’interrogèrent sur la parabole. 11Il leur dit : “À vous il a été donné de connaître le mystère[5] du royaume de Dieu ; mais pour eux, qui sont dehors, tout est annoncé en paraboles, 12afin qu’en regardant de leurs yeux ils ne voient point, qu’en entendant de leurs oreilles ils ne comprennent point : de peur qu’ils ne se convertissent et n’obtiennent le pardon de leurs péchés[6].”

  1. 13. La montagne, probablement la montagne des Béatitudes (voy. Luc, v, 12 et Matth. v, 1.) Il appela ; la Vulg. ajoute, à lui.
  2. 31. Matth. xii, 46 ; Luc. viii, 19.
  3. IV, 1. Matth. xiii, 1; Luc, viii, 4.
  4. 9. Dans cette expression, on rapporte d’ordinaire ἀκούειν à ce qui précède : mot à mot : celui qui a des oreilles pour entendre, c’est-à-dire, aptes à entendre. Mais cette tournure est sans analogie en grec. Il est plus conforme au génie de la langue hébraïque de rapporter ἀκούειν au mot suivant : ἀκούειν à ἀκουέτω, l’infinitif absolu suivi du même verbe à un temps défini, hébraïsme qui marque l’insistance : qu’il entende avec soin. Au lieu de : Qui habet aures audiendi, audiat, le latin aurait plus exactement rendu le sens en mettant : Qui habet aures audiendo audiat.
  5. 11. Le mystère, la doctrine relative au royaume de Dieu, cachée sous ces paraboles.
  6. 12. Citation libre d’Isaïe (vi, 9 sv.) Afin que : l’aveuglement des Juifs semble attribué à une intention de la part de Dieu : mais cette intention divine n’est que la conséquence de la volonté perverse de l’homme qui repousse la lumière. Voy. Matth. xiii, 31, où nous lisons parce que.