Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1510

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2. Seconde tournée en Galilée : Le centurion (vii, 2-10). A Naïm (11-17). Ambassade de Jean-Baptiste ; son éloge ; reproches aux Pharisiens incrédules (18-35). La pécheresse aux pieds de Jésus (36-50). De pieuses femmes le suivent (viii, 1-3). Parabole de la semence (4-18). La mère et les frères de Jésus (19-21).

Après qu’il eut achevé de faire entendre au peuple tous ses discours, Jésus entra dans Capharnaüm. 2Or, un centurion avait un serviteur malade, qui allait mourir et il l’aimait beaucoup. 3Ayant entendu parler de Jésus, il lui députa quelques anciens d’entre les Juifs, pour le prier de venir guérir son serviteur. 4Ceux-ci étant arrivés vers Jésus, le prièrent avec grande instance, en disant : “Il mérite que vous fassiez cela pour lui ; 5car il aime notre nation, et il a même bâti notre synagogue.” 6Jésus s’en alla donc avec eux. Il n’était plus loin de la maison, lorsque le centurion envoya quelques-uns de ses amis lui dire : “Seigneur, ne prenez pas tant de peine, car je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ;[1] 7aussi ne me suis-je pas même jugé digne de venir auprès de vous ; mais dites un mot, et mon serviteur sera guéri. 8Car moi, qui suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres, et je dis à l’un : Va, et il va ; à un autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait.” 9Ce qu’ayant entendu, Jésus admira cet homme, et, se tournant vers la foule qui le suivait, il dit : “Je vous le dis, en vérité, en Israël même je n’ai pas trouvé une si grande foi.” 10A leur retour dans la maison du centurion, les envoyés trouvèrent guéri le serviteur qui était malade.

11Quelques temps après[2], Jésus se rendait à une ville appelée Naïm ; de nombreux disciples et une grande foule faisaient route avec lui. 12Comme il arrivait près de la porte de la ville, il se trouva qu’on emportait un mort, fils unique de sa mère, et celle-ci était veuve, et beaucoup de gens de la ville l’accompagnaient. 13Le Seigneur l’ayant vue, fut touché de compassion pour elle, et lui dit : “Ne pleurez pas.” 14Et s’approchant, il toucha le cercueil, les porteurs s’étant arrêtés ; puis il dit : “Jeune homme, je te le commande, lève-toi.” 15Aussitôt le mort se leva sur son séant, et se mit à parler, et Jésus le rendit à sa mère. 16Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu en disant : “Un grand prophète a paru parmi nous, et Dieu a visité son peuple.” 17Et cette parole prononcée à son sujet se répandit dans toute la Judée et dans tout le pays d’alentour.

18Les disciples de Jean lui ayant rapporté toutes ces choses,[3] 19il en appela deux, et les envoya vers Jésus pour lui dire : “Etes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?” 20Etant donc venus à lui : “Jean-Baptiste, lui dirent-ils, nous a envoyés vers vous pour vous demander : Etes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?” 21— A ce moment même, Jésus guérit un grand nombre de personnes affligées par la maladie, les infirmités, ou les esprits malins, et accorda la vue à plusieurs aveugles. — 22Puis il répondit aux envoyés : “Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. 23Heureux celui qui ne se scandalise pas en moi !”

24Lorsque les envoyés de Jean furent partis, Jésus se mit à dire au peuple, au sujet de Jean : “Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? 25Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un homme vêtu d’habits moelleux ? Mais ceux qui portent des vêtements précieux et vivent dans les délices sont dans les palais royaux. 26Enfin qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu’un prophète. 27C’est de lui qu’il est écrit : J’envoie mon messager devant votre face, pour vous précéder et vous préparer la voie. 28Je vous le dis en effet, parmi les enfants des femmes, il n’y a pas de prophète plus grand que Jean-Baptiste ; mais le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui. 29Tout le peuple qui l’a entendu, et les publicains eux-mêmes, ont justifié

  1. VII, 6. S. Matthieu (viii, 5 sv.) met ces paroles dans la bouche même du Centurion. C’est ici le cas d’appliquer la remarque de saint Jérôme, que, “dans les saintes Ecritures, les Apôtres et les hommes apostoliques considèrent moins les mots que le sens, et ne cherchent pas à suivre servilement la lettre, pourvu qu’ils respectent la pensée. “On doit donc dire que S. Matthieu, condensant les faits et supprimant les personnages intermédiaires, attribue au Centurion les paroles prononcées en son nom.
  2. 11. Mot à mot dans le temps qui suivit, ἐν τῷ ἐξῆς, selon les meilleurs manuscrits. On lit en d’autres : ἐν τῇ, c’est-à-dire, dans [l]e jour qui suivit.
  3. 18. Matth. xi, 2