Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1626

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2C’est pourquoi celui qui résiste à l’autorité, résiste à l’ordre que Dieu a établi et ceux qui résistent, attireront sur eux-mêmes une condamnation. 3Car les magistrats ne sont point à redouter pour les bonnes actions, mais pour les mauvaises. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais le bien, et tu auras son approbation ; 4car le prince est pour toi ministre de Dieu pour le bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant ministre de Dieu pour tirer vengeance de celui qui fait le mal, et le punir. 5Il est nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte du châtiment, mais aussi par motif de conscience[1]. 6C’est aussi pour cette raison que vous payez les impôts ; car les magistrats sont des ministres de Dieu, entièrement appliqués à cette fonction[2]. 7Rendez [donc] à tous ce qui leur est dû : à qui l’impôt, l’impôt ; à qui le tribut, le tribut ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l’honneur, l’honneur.

8Ne soyez en dette avec personne, si ce n’est de l’amour mutuel ; car celui qui aime son prochain a accompli la loi. 9En effet, ces commandements : “Tu ne commettras point d’adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; [tu ne diras point de faux témoignage] ; tu ne convoiteras point,” et ceux qu’on pourrait citer encore, se résument dans cette parole : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” 10L’amour ne fait point de mal au prochain ; l’amour[3] est donc la plénitude de la loi.

11Cela importe d’autant plus, que vous savez en quel temps[4] nous sommes : c’est l’heure de nous réveiller enfin du sommeil ; car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons embrassé la foi. 12La nuit est avancée, et le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière. 13Marchons honnêtement, comme en plein jour, ne nous laissant point aller aux excès de la table et du vin, à la luxure et à l’impudicité, aux querelles et aux jalousies. 14Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et ne prenez pas soin de la chair, de manière à en exciter les convoitises.


2. Chap. xiv, 1 — xv, 13 : Conduite à tenir envers ceux qui sont encore faibles dans la foi.Ne pas se juger les uns les autres (xiv, 1-12). Se garder de scandaliser les faibles (13-23). À l’exemple de Jésus-Christ, les supporter et les accueillir (xv, 1-13).

Quant à celui qui est faible dans la foi, accueillez-le sans discuter ses opinions. 2Tel croit pouvoir manger de tout ; tel autre, qui est faible, se nourrit de légumes. 3Que celui qui mange ne méprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l’a accueilli parmi les siens. 4Qui es-tu, toi qui juges le serviteur d’autrui ? S’il se tient debout, ou s’il tombe, cela regarde son maître. Mais il se tiendra debout, car Dieu a le pouvoir de le soutenir. 5Tel met de la différence entre les jours ; tel autre les estime tous pareils : que chacun ait dans son esprit une pleine conviction[5]. 6Celui qui observe tel ou tel jour, l’observe en vue du Seigneur ; et celui qui mange, mange en vue du Seigneur, car il rend grâces à Dieu ; et celui qui ne mange pas, c’est en vue du Seigneur qu’il ne mange pas, et il rend aussi grâces à Dieu. 7En effet, nul de nous ne vit pour soi-même, et nul ne meurt pour soi-même. 8Car, soit que nous vivions, nous vivons pour le Seigneur ; soit que nous mourrions, nous mourons pour le Seigneur. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions,

  1. Vulgate, soyez soumis par nécessité, ce qui ne peut s’entendre que d’une nécessité morale. — De conscience : S. Pierre (I, ii, 13) : À cause de Dieu, dans le même sens.
  2. 6. Ministres : l’expression gr. λειτουργοὶ (au vers. 4 il y avait seulement διάκονός) désigne proprement les ministres du culte.
  3. L’amour pour celui qui aime. Comp. (1 Cor. xiii, 4-7). Vulgate l’amour du prochain ne fait pas de mal.
  4. De quel temps s’agit-il ? De l’approche de la parousie, dit S. Jean Chrysostome, c.-à-d. du retour glorieux du Sauveur pour le jugement final (Matth. xxiv, 33). C’était une opinion assez générale dans la primitive Église que l’intervalle qui devait s’écouler entre le premier et le second avènement de J.-C. serait court. Comme le Seigneur avait affirmé que nul ne sait le temps de ce second avènement, mais qu’il fallait veiller et se tenir prêt (Matth. xxiv, 36, 51 ; Marc, xiii, 32-33 ; Luc, xxi, 34-36), S. Paul, sans se prononcer sur sa proximité, ni sur son éloignement, tire de la possibilité d’un avènement plus ou moins prochain un motif pour exciter les fidèles à pratiquer la vertu. (Cf. Philip, iv, 5 ; I Thes. v, 1-10 ; Hébr. x, 25, 37 ; I Pier, iv, 5 et 7). Il est à remarquer que dans son Homélie sur ce passage, S. Jean Chrysostome du retour glorieux du Christ passe sans transition à la parousie individuelle. Comme le jour du Seigneur approche sans cesse, nous allons aussi à lui par la mort, qui est pour l’individu ce que la parousie est pour l’Église, la rencontre avec le Seigneur.
  5. Conviction : quand il s’agit de choses indifférentes ou non commandées par une loi, le principal est que chacun se forme la conscience et la suive. Vulgate : Que chacun abonde dans son sens ; elle traduit mieux ailleurs (iv, 21) le même verbe grec.