Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/501

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2. Chap., ii, 1-10 : Néhémie en Palestine. — Devant Artaxerxès (ii, 1-3). Néhémie obtient la permission d’aller rebâtir Jérusalem, avec des lettres pour les gouverneurs (ii, 4-8). Arrivée en Palestine. Premières oppositions (ii, 9, 10).

Au mois de Nisan[1], la vingtième année du roi Artaxerxès[2], comme le vin était devant lui[3], je pris le vin et je l’offris au roi, et je tâchai de n’être pas triste en sa présence. 2 Le roi me dit : “Pourquoi ton visage est-il triste, puisque tu n’es pas malade ? Ce ne peut être qu’une tristesse de cœur.” 3 Je fus très effrayé et je répondis au roi : “Que le roi vive éternellement ! Comment mon visage ne serait-il pas triste, lorsque la ville où sont les sépulcres de mes pères est dévastée et que ses portes sont consumées par le feu ?” 4 Et le roi me dit : “Que veux-tu demander ?” 5 Je priai le Dieu du ciel, et je répondis au roi : “Si le roi le trouve bon, et si ton serviteur t’est agréable, je demande que tu m’envoies en Juda, vers la ville des sépulcres de mes pères, pour que je la rebâtisse.” 6 Et le roi me dit, la reine étant assise près de lui : “Jusqu’à quand durera ton voyage, et quand reviendras-tu ?” il plut au roi de m’envoyer et je lui fixai un temps[4]. 7 Puis je dis au roi : “Si le roi le trouve bon, qu’on me donne des lettres pour les gouverneurs d’au delà du fleuve, afin qu’ils me laissent passer jusqu’à ce que j’arrive en Juda, 8 et une lettre pour Asaph, garde de la forêt qui appartient au roi, afin qu’il me fournisse du bois pour mettre des poutres aux portes de la forteresse qui est proche du temple[5], pour la muraille de la ville et pour la maison où je me retirerai.” Et le roi me donna ces lettres, car la main favorable de mon Dieu était sur moi. 9 Je me rendis donc auprès des gouverneurs d’au delà du fleuve, et je leur remis les lettres du roi ; or le roi avait envoyé avec moi des chefs militaires et des cavaliers. 10 Quand Sanaballat[6], le Horonite[7], et Tobie[8], le serviteur ammonite, furent au courant, il leur parut très mauvais qu’un homme vint pour procurer le bien des enfants d’Israël.

II. — RESTAURATION DES MURAILLES DE JÉRUSALEM.
[II, 11 — VII, 73.]
1. Chap., ii, 11-20 : Avant les travaux. — Néhémie explore la muraille pendant la nuit (ii, 11-15) ; il fait part à son entourage de ses projets, qui sont approuvés (ii, 16-18). Attitude des ennemis (ii, 19, 20).

11 J’arrivai à Jérusalem et, après y avoir passé trois jours, 12 je me levai pendant la nuit, avec un petit nombre d’hommes. Je ne communiquai à personne ce que mon Dieu m’avait mis au cœur de faire pour Jérusalem. Je n’avais avec moi d’autre bête de somme que ma propre monture[9]. 13 Je sortis de nuit par la porte de la Vallée, me dirigeant vers la source du Dragon et la porte du Fumier ; et je considérai les murailles démolies de Jérusalem[10] et ses portes consumées par le feu. 14 Je continuai vers la porte de la Source et l’étang du Roi, et il n’y avait pas de place pour que la monture pût passer sous moi. 15 Je montai de nuit dans le ravin, et je considérai la muraille ; puis je revins par la porte de la Vallée, et je rentrai. 16 Les magistrats ignoraient où j’étais allé et ce que je voulais faire. Jusqu’à ce moment, je n’avais fait part de rien aux Juifs, ni aux prêtres, ni aux grands, ni aux magistrats, ni au reste du peuple qui devait s’occuper des travaux. 17 Je leur dis

  1. Nisan, le 1er mois de l’année juive (mars-avril), appelé primitivement abib (Exod. xiii, 4).
  2. La 20e année : les années du règne se comptaient probablement d’après l’année civile, laquelle commençait en automne avec le mois de tisri.
  3. Comme le vin était devant lui ; LXX, devant moi.
  4. Un temps : l’absence de Néhémie paraît avoir duré 12 ans (vers. i comparé à xiii, 6 ; voir aussi v, 14) ; mais il n’est pas probable qu’il ait assigné à son retour un terme si éloigné. Il obtint sans doute plus tard la permission de prolonger son séjour à Jérusalem.
  5. La forteresse qui protégeait le temple du côté du N. O. ; il en est fait mention ici pour la première fois. Plus tard, les rois asmonéens élevèrent au même endroit l’acropole, nommée par les Grecs Baris, remplacée à son tour par la citadelle Antonia, que bâtit Hérode le Grand.
  6. Sanaballat, nom babylonien, Sin-uballit, c.-à-d. Sin (dieu-lune) donne la vie.
  7. Horonite, de Beth-Horon (Jos. x, 10), dans le territoire de Samarie.
  8. Tobie, esclave ammonite au service de Sanaballat, probablement comme secrétaire (vi, 17-19) et conseiller. Sur les machinations hostiles de ces deux hommes, voir vi, 17 ; xiii, 4, 28. comp. Esdr. iv, 4-24 ; v, 3-17.
  9. Que ma propre monture, m. à m., que la bête de somme sur laquelle je chevauchais.
  10. 13. Les murailles démolies, etc. ; m. à m. les murailles de Jérusalem, pour voir jusqu’à quel point elles étaient démolies.